lundi 28 février 2011

Conneries totales

Les conneries qui sont répandues dans la vie de tous les jours puisque faisant partie de notre culture en Grande Bretagne commence à vraiment m'atteindre. Je réfléchissais ce matin en m'habillant (un grand moment de réflexion pour moi) sur tout ce qui se liguait contre moi. Pas seulement moi, mais toute femme qui vit dans notre culture fait face à un choix : rentrer dans le jeu de la pornification, de l'irresponsabilité féminine, en faire partie (en pensant : "Ok, je vois le jeu, je vais y jouer avec les hommes, je vais m'habiller comme ils veulent, me comporter comme ils veulent, et obtenir ce que je veux, c'est à dire être voulue et désirée par eux. Ainsi j'aurai du pouvoir"). Comme si être une poupée gonflable femelle était une façon de gagner du pouvoir. Comment le sais-je ? Je pensais comme ça avant !
Ou alors, penser : je veux quelque chose d'un peu différent. Être traitée comme un objet sexuel n'est pas source de pouvoir, être capable d'attirer des centaines d'hommes qui veulent te baiser n'est pas exactement une mesure du pouvoir. Je veux jouer avec mes propres règles. Je veux être attirante et m'amuser, mais pas attirante selon les règles conventionnelles. Je veux me sentir bien avec mon corps, plutôt que de me torturer parce que je ne suis pas fine comme un bâton avec des faux seins, comme les normes extérieures le requièrent. Je veux traiter les hommes comme des égaux, plutôt que de jouer à des jeux avec eux dans lesquels je les méprise et les dédaigne, et dans lesquels ils me méprisent et me dégradent. Je veux quelque chose qui ne soit pas superficiel, et plus intime que de baiser.


Ayant opté pour le second choix, après avoir été témoin des dommages destructeurs causés par un jeu basé sur les mensonges et la désinformation impulsés par l'industrie du sexe, je me sens largement dépassée. L'autre point de vue est partout ! Les femmes sont choisies comme actrices à cause de ce à quoi elles ressemblent. Elles posent à peine vêtues dans des "magazines pour hommes", ressemblant exactement à toutes les autres femmes qui y sont - pas de place pour briser le moule ou pour l'individualité ici ! - et parlent de se sentir libérées. Assises dans notre salon, nous ressentons le contraire. Presque tous les films montrent des femmes nues, mais pas des hommes. Presque tous les garages, tous les kiosques à journaux ont des "magazines pour hommes" (la soi-disant porno "softcore", comme si la porno pouvait être "soft" ou inoffensive), tous les clips de chansons font figurer des femmes à moitié nues, la lingerie reprend les codes de la pornographie tout en se prétendant pro-femmes... 
Je pourrais continuer ad infinitum. Il n'y a pas moyen d'y échapper, en tant que femme, tu dois te battre pour être vue autrement que comme un divertissement. Et en tant qu'homme tu dois de battre contre l'avis trop commun qui dit que si tu traites les femmes comme des égales, comme des êtres humains et non des objets sexuels, tu n'es pas tout à fait "un homme".

Arrêtons les conneries, prenons des risques et parlons et disons que traiter l'autre comme un ennemi, qu'être manipulé, conquis et rejeté n'est ni sain ni inévitable. Les hommes et les femmes peuvent se battre ensemble et refuser d'avoir leur sexualité dictée par une industrie qui se fiche complètement de la libération sexuelle ou des gens qu'elle utilise, mais qui est purement et simplement une vaste entreprise à faire de l'argent, l'industrie la plus profitable qui ait jamais existé.

Activez-vous. Combattez ces conneries.

lundi 14 février 2011

L'art d'être en deuil... ou d'apprendre à l'être

Je viens de perdre le parent qui me restait, un passage difficile. Bien que pour un oeil non entraîné j'ai l'air de fonctionner tout à fait comme d'habitude, je ne me sens pas bien. Il est difficile de dire comment je me sens. Facile de dire "complètement bouleversée" mais ça ne signifie pas grand chose. Je me sens, tour à tour, déconnectée, seule, en colère, apeurée. Ah, la peur ! Toujours mon paramètre par défaut. J'ai l'impression que ma confiance, ma sécurité, s'est écoulée par la plante de mes pieds, et j'ai peur, tellement peur, de la vie. La peur se montre comme toujours à travers la colère, un tempérament déraisonnable, et un attachement qui jette ceux qui me sont les plus proches et les plus chers au milieu de la secousse d'une guerre : ne m'abandonne pas - dégage ! Consciente, comme je le suis, de mes humeurs, j'ai l'impression que je devrais m'isoler, ramper sous un rocher et laisser les autres tranquilles. Evidemment je ne le fais pas, parce que c'est exactement ce qu'attendent ma toxicomanie et mon alcoolisme.


Je sais quoi faire pour rester clean et sobre mais au-delà de ça, je me sens perdue. Je ne sais pas comment être. Comment fait-on pour être en deuil ? Je sais qu'il n'y a pas de "il faut" mais j'aimerais bien que quelqu'un le rappelle aux gens que je fréquente. Ils sont nerveux et embarrassés au sujet de ce décès, pourtant il n'y a pas besoin : mes mauvaises humeurs ne se manifestent qu'auprès de mes intimes.

Mon corps vibre et ensuite déborde d'émotions inconnues, de pensées non entendues. Je ressens un vaste mouvement de choses dont je réalise que j'en suis au mieux partiellement consciente. De vieilles douleurs reviennent, la prostitution, la violence, la maltraitance. Je suis sur la défensive à nouveau. Le passé, le présent et le futur se cognent les uns dans les autres. Je prends ça au jour le jour, mais quel jour sommes-nous ? Mon sommeil et mes rêves sont trop remplis - trop de choses à intégrer ! La nuit ne détient aucune paix.

Et pourtant, je devrais être reconnaissante pour beaucoup de choses. Je ne bois pas et je ne me drogue pas, je ne me prostitue plus, et je ne suis plus battue et violée comme je l'étais et je n'ai plus peur pour ma vie. Quand on voit les choses comme ça, tout le reste est un bonus.