tag:blogger.com,1999:blog-11567049892192929132024-02-08T04:51:11.766-08:00SURVIVRE À LA PROSTITUTION ET À L'ADDICTIONTraduction française du blog <a href="http://survivingprostitutionandaddiction.blogspot.com/">"Surviving prostitution and addiction"</a> d'Angel K.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.comBlogger64125tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-14358561445339649812013-02-28T23:22:00.000-08:002013-02-28T23:22:00.141-08:00Les angles morts de la société : porno et prostitution, femmes à vendreLa violence envers les femmes est devenue tellement prévalente, si généralement acceptée, qu'elle est largement invisible.<br />
La pornographie et la prostitution font partie de cet angle mort. Le langage utilisé par la majorité des gens dans toute discussion sur ces maltraitances fait en sorte que cela en reste ainsi. Le langage a été prudemment assaini jusqu'à le rendre vide et abstrait. C'est le langage de l'irréalité.<br />
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Les souteneurs de l'industrie du sexe parlent de "travail du sexe", de "clients", d' "empowerment féminin", de "libération sexuelle", d' "argent facile", et de "respecter les femmes" - "nous ne les voyons pas comme des victimes, nous soutenons leur liberté d'action". Ils qualifient la pornographie, le strip-tease et le lapdance de "divertissements sans danger", disent que "les mecs sont comme ça", et ont tendance à dire des trucs du genre "je ne le ferais pas <i>moi-même</i> mais je ne jugerais jamais une femme qui exprimerait sa sexualité de cette façon". C'est si généreux.<br />
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Les femmes qui sont dans l'industrie du sexe doivent suivre ces notions, parce que quand tu es achetée (ou vendue, si tu as un proxénète), tu n'es pas libre de dire autre chose. Tu n'es pas du tout une personne libre, mais un bien à vendre. Tu es là pour le faire jouir, ton acheteur, le client, quoi qu'il t'en coûte. Il n'est ni acceptable, ni sans danger, de dire les choses telles qu'elles sont. C'est tout pour <i>lui</i> et ce qu'<i>il </i>veut, mais on te fait dire que c'est tout pour <i>toi</i> - tu <i>choisis</i> d'être là, tu <i>aimes</i> ce qu'il te fait, aussi extrême que ça puisse être. Cette notion que si une femme dans le porno est souriante, si une prostituée sourit, ça prouve qu'elle est heureuse et qu'elle aime ça, c'est un mensonge. Tu vois, tu crois qu'il s'agit d'<i>elle</i>, qu'elle sourit par choix.<br />
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<i>Il ne s'agit pas d'elle.</i><br />
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Il s'agit toujours, <i>toujours</i>, de lui. De l'homme hors champ. De l'audience vers laquelle ce sera montré et vendu. De son proxénète ou son agent ou sa "madame", et de combien d'argent ils veulent faire. Les actes sexuels extrêmes font plus d'argent, vous voyez, puisqu'ils font mal et que ça fait jouir l'acheteur. Il veut la voir "tout prendre comme la sale petite pute qu'elle est", et elle on lui a dit de sourire pour renverser la responsabilité de la maltraitance qu'elle subit, la renverser sur elle. Une femme qui sourit mais qui souffre clairement, ou une femme qui dit "baise moi plus fort" quand son expression dit autre chose, devrait déclencher des sonnettes d'alarmes, pas apaiser notre conscience.<br />
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Les femmes assez chanceuses pour sortir de l'industrie du sexe en un morceau assez entier pour trouver une voix ont toujours un problème pour parler, être entendues, parce que le langage que nous utilisons - le langage de la réalité - est jugé trop extrême. Les gens ne veulent pas l'entendre. Nous parlons de violence, de "johns" au lieu de clients, de peur et de douleur et des odeurs et des fluides corporels d'hommes que nous n'aurions jamais voulu sentir nous toucher, sur et dans nos corps. La prostitution, la pornographie ne sont pas de simples "jobs". Dans quel autre job apprends-tu à te séparer de toi-même, à te dissocier juste pour survivre ? Nous disons que cela ne nous donnait aucun pouvoir, qu'être maltraitées verbalement et physiquement n'avait rien d'un "empowerment". Nous parlons de viol et d'absence de choix, de problèmes de santé mentale et d'histoires de maltraitances, nous parlons de toxicomanie et de vulnérabilité exploitées de la pire façon possible. De pauvreté et d'être piégées et utilisées - d'<i>autres</i> profitant de l'utilisation de nos corps, pas nous. Le moindre argent que nous ayons pu avoir partait directement dans les drogues ou l'alcool, quoi que ce soit qui puisse éloigner la réalité de ce qui nous arrivait jour après jour.<br />
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Mais les gens ne veulent pas l'entendre. Comme cela menacerait d'interférer avec leur jouissance de la pornographie, avec leur orgasme rapide et facile, ils nous traitent de menteuses. Et pire. Ils refusent de voir la vérité parce qu'alors ils devraient se regarder, eux et ce qu'ils font. À la place, ils disent <i>nous ne faisons partie du problème parce qu'<b>il n'y a pas de problème.</b></i><br />
<i><b><br /></b></i>
Et alors ils vous maltraitent pour avoir dit la vérité, pour avoir eu une voix. Vous savez, cette idée que ça ne pouvait pas être si terrible, que les femmes veulent juste de la bonne baise et que donc le porno ou la prostitution sont un rêve devenu réalité puisque non seulement elles se font baiser mais elles sont <i>payées </i>pour ça, cette idée est assez difficile à ébranler. Un ex-partenaire, alors que j'étais en guérison, m'a dit avec incrédulité, mais tu as bien dû aimer ça <i>parfois</i>. Et cela après qu'il ait vu les cicatrices tout le long de mon corps faites par mon proxénète ! Il avait été tellement endoctriné par la culture porno qu'il était réellement incapable de se rentrer dans la tête qu'être une prostituée, être maltraitée sur des vidéos et pour des photos pouvait ne <i>pas </i>être agréable.<br />
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Nous ne sommes plus ensemble.<br />
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En vérité, de mon expérience il n'y a rien qui soit le moins du monde sexy dans le fait d'être prostituée, ou d'être utilisée dans la pornographie. Il n'y a rien d'excitant. Il ne s'agit que de ce dont ça aura l'air ou ce que ça va faire ressentir <i>pour le mec qui te baise ou qui achète le DVD de toi en train de te faire baiser</i>, pas de ce que ça fait pour <i>toi</i>. Alors la pénétration est à l'ordre du jour, avec n'importe quoi - des bites ou des jouets ou des objets ou des poings, en ce qui concerne l'acheteur plus c'est gros mieux c'est - mais aucun intérêt pour ce que ça te fait à toi. Sucer des bites ne constitue pas exactement des préliminaires et ne rendra pas la baise moins douloureuse. Ce n'est pas non plus agréable - tout ça est une performance, ton corps toujours contorsionné de quelque façon nécessaire pour la meilleure visibilité de tes orifices et de tes seins. Tu te concentres pour respirer malgré la douleur, pour tenir le coup, survivre. Orgasmique ? Pas vraiment. <i>Faites que je tienne le coup jusqu'au bout, faites que ça s'arrête. </i>Tu te sépares du corps autant que tu peux - pas vraiment pratique pour avoir un orgasme, mais juste ce que fait l'esprit pour survivre au corps qui est tellement maltraité, encore et encore. Tu espères qu'ils utiliseront du lubrifiant, la lubrification du crachat, copiée sur des milliers d'autres pornos, n'est jamais suffisante. C'est déjà suffisamment douloureux même quand ils utilisent du lubrifiant.<br />
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Imagine que quelqu'un t'enfonce les doigts dans la bouche, encore et encore en cognant à l'intérieur, faisant peut-être saigner tes gencives. Multiplie cette douleur un bon paquet de fois. Ajoute ensuite cela à la souffrance psychologique, l'humiliation de savoir qu'il s'agit des parties les plus intimes de ton corps, ouvertes et utilisées pour amuser des inconnus, ton vagin et ton anus. Alors peut-être que tu auras une idée de à quel point il est douloureux et pas du tout sexy d'être cognée et enfoncée et baisée pour de l'argent. Nue et utilisée par homme après homme, inconnu après inconnu, te disant que tu es une sale pute, te touchant <i>partout</i> (et pas doucement), regardant ton corps avec un regard tellement dégueulasse que tu veux te doucher pendant un mois juste pour te sentir propre. Faisant des choses à ton corps pour <i>leur </i>plaisir, pas parce que c'est agréable pour toi, faisant souvent des choses délibérément pour te faire souffrir, puis enfonçant leur bite à l'intérieur de toi, avec ou sans capote, te laissant couverte de leurs fluides corporels. Il n'y a aucune d'intimité, aucune d'illusion d'intimité. Tu es simplement un ensemble de trous qu'ils vont mécaniquement palper et défoncer, un déversoir pour leur colère.<br />
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Ca n'a rien de personnel.<br />
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Pas pour eux en tout cas - l'acheteur, le proxénète, le pornographe - mais ça l'est pour toi. <i>On ne peut pas faire plus personnel que ça. </i>Quand tu dois fuir ton propre corps mentalement à cause de ce qu'ils lui font, c'est personnel. Quand tu es piégée ici dans la violence et la toxicomanie et l'absence de choix, c'est personnel. Quand tu te relèves quand ils en ont fini avec toi, claudiques jusqu'à la douche et te frottes à vif pour essayer de purger ton corps de leur contact et de leurs sarcasmes et moqueries et de leurs fluides corporels, c'est personnel. La maltraitance continue de vivre sur les enregistrements vidéos, ta souffrance et ton humiliation continuent de divertir. Tu es absolument seule : personne ne te voit vraiment, personne ne t'entend. Ils sont aveugles à ta souffrance, ferment les yeux à la réalité et tendent vers leur orgasme, ou alors parfois ils voient la souffrance et en jouissent quand même.<br />
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Arrêtons d'être dupes du langage de l'industrie du sexe et disons les choses telles qu'elles sont. La pornographie et la prostitution ne sont pas abstraites, saines, sécurisées, ne donnent pas de pouvoir aux femmes, et ne sont même pas des métiers, dans aucun usage acceptable du mot. Dans la pornographie et la prostitution, la seule liberté d'expression est celle des proxénètes et des pornographes et des mensonges qu'ils vendent. Les femmes ne sont pas libres et ne sont autorisées qu'à dire les mots du pornographe pour concourir à ton orgasme. Comme l'avait écrit Dworkin, depuis quand les vagins et les anus ont-ils une voix ? Arrêtons les conneries et pour un instant autorisons-nous à voir et écouter la réalité. Nous ne pouvons pas nous permettre d'être aveugles au fait que des femmes sont vendues et maltraitées tout autour de nous, chaque jour, quelque soit la ville où nous habitons. Nous commençons à voir certaines des conséquences logiques de tout ça, auxquelles les tabloïds répondent toujours dans une indignation choquée. Mais à moins que nous réglions le <i>vrai </i>problème, à moins que nous fassions face à cet angle mort : les femmes à vendre, toute indignation ou choc sera de la pure hypocrisie. Il est temps de relier les points.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-51028447530367605622012-02-12T13:16:00.000-08:002013-02-08T12:22:35.524-08:00L'opposition : les souteneurs de l'industrie du sexe mis à nu<br />
Une personne anonyme m'a récemment laissé un adorable commentaire sur l'article "L'homme invisible", m'appelant (je cite) "une connasse de misandre" et disant "j'espère que tu vas crever". Une autre personne anonyme a commenté pour dire que les prostituées sont des pouffiasses et qu'en tant que telle je devrais me taire au lieu de me plaindre.<br />
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Voici donc, mesdames et messieurs, ce contre quoi se battent les survivantes de l'industrie du sexe.<br />
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Il est important pour moi de dire la réalité de l'extrême violence faite aux femmes de l'industrie du sexe. Quand j'étais prostituée c'était physique. Maintenant c'est verbal, mais tout de même douloureux.<br />
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Il ne te connaît même pas, mais il te hait et veut que tu meures. Trop familier pour moi, un scénario joué quotidiennement et brutalement contre les prostituées. Le fait que tu continues à survivre, que tu continues à avoir de l'esprit, est une insulte personnelle pour ces gens. Ça les fait enrager.<br />
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Argumenté ? Non. Jugement éclairé ? Peut-être pas. Abus verbal et agressivité à l'extrême.<br />
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Et moi ? Devrais-je être rendue muette par une telle violence, me ratatiner de honte face à ce que je suis et ce que j'ai vécu, leur donner ce qu'ils veulent et la fermer et mourir ? Ce que ces gens écrivent confirme tout ce que je sais être vrai sur les souteneurs de l'industrie du sexe. Ils ont un intérêt à ce que vous ne racontiez pas la vérité : cela les montrerait sous leur vrai jour. J'ai survécu à la torture physique, j'ai été muette pendant assez longtemps. C'est difficile d'avoir une voix quand tu as une bite fourrée dans la gorge. <i>Je suis encore là et je vais donc continuer à faire ce que je fais : montrer la vérité et espérer que cela fasse une petite différence.</i><br />
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Si vous avez déjà pensé que les survivantes de l'industrie du sexe exagèrent en évoquant les degrés de violence et de haine vécus, peut-être que le fait que je rende publics ces commentaires va lutter un peu contre cette croyance. Si jamais j'avais eu besoin d'une preuve que les clients veulent faire souffrir les femmes qu'ils utilisent, alors je suppose que c'est ça. Directement depuis leur bouche.<br />
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Merci pour ça, anonyme.<br />
Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-63491220964728983702012-02-08T01:03:00.000-08:002012-12-02T05:13:37.322-08:00Bon client, mauvais client ?Les clients veulent qu'on leur masse l'ego, pas juste la bite. S'ils fantasment sur le pouvoir et la force et l'humiliation, ils veulent voir la peur et la honte dans tes yeux. S'ils fantasment d'être bons avec les femmes, ils veulent que tu dises que tu les aime, que tu parles avec eux. S'ils fantasment d'être bons amants, et bien... <i>oh oui bébé, j'adore quand tu fais ça... hmmm, c'est tellement booon...tu es incroyable... oh, tu me fais mouiller...</i><br />
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Ou pas. Ca me faisait halluciner que les clients que j'ai rencontré puissent avoir été assez stupides pour croire que ce qu'ils me faisaient pouvait réellement donner un orgasme à <i>qui que ce soit. </i>Allô ! Il est peut-être temps de couper le porno et de se débarrasser de l'idée que me défoncer n'importe quel orifice avec n'importe quoi va me rendre extatique. Et puis, ça ne t'est jamais venu à l'idée de te laver les parties avant de me les fourrer dans la tronche ? Juste comme ça.<br />
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Parfois ils veulent être le bon gars, en dépit de toute évidence. Ils veulent se différencier du client moyen, ils ne veulent pas être mis dans le panier des inadaptés sexuels, des misogynes et des pervers. <i>Je ne suis pas comme ça ! Les filles m'aiment parce que je les comprends, je leur parle. Les filles m'aiment parce que je suis un bon amant.</i><br />
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Conneries !<br />
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Qu'est-ce que tu veux, une putain de médaille parce que tu as choisi de ne pas être un sadique décomplexé aujourd'hui ? Donc tu ne m'as pas crié ni tapé dessus. Pas exactement de quoi devenir un saint. Peut-être que tu m'as demandé comment je vais, pourquoi je suis ici, en prétendant de t'intéresser (tu ne veux pas <i>réellement</i> le savoir), pour te sentir mieux. Cela démontre soit de la stupidité soit une ignorance volontaire de l'évidence, que tout ce que je vais dire dans ce contexte sera un mensonge pour ta commodité, pour apaiser ta conscience. La désobéissance et la répartie sont potentiellement mortelles pour une prostituée donc je <i>dois</i> dire ce que tu veux entendre. Alors je vais te dire que je suis là parce que j'adore le sexe, et j'aime te parler et j'aime être là, j'aime ta compagnie et ta bite, et je vais prétendre que je ne suis pas ici pour l'argent ou pour la drogue et à cause d'un enfer mental causé par les abus que j'ai subis par le passé. Et tu ignoreras les cicatrices d'auto-mutilations et l'odeur d'alcool, et tu repartiras en pensant que tu as peut-être même <i>amélioré </i>ma journée ! Wow, tu ne m'as pas tabassée - merci pour ça.<br />
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Si tu tu te sentais <i>réellement</i> concerné par mon bien-être, tu ne serais pas là, tu ne serais pas un client. Un peu de pseudo-gentillesse ne peut pas cacher ça.<br />
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Tu es quand même en train de payer pour mon corps, tu demandes quand même une performance, tu violes quand même mon espace, tu finances quand même le système qui me détruit, un mensonge à la fois. Qu'ils désirent consciemment ta souffrance ou qu'ils cherchent l'affirmation de leur technique sexuelle, les clients sont les gars avec l'argent, les gars qui prennent les décisions, ceux avec le pouvoir. Ils sont quand même là pour te baiser, pour t'utiliser, pour te dégrader. Ils demandent quand même que tu répondes de la façon qui les fait jouir, que ce soit par l'abjecte terreur quand ils te font mal, ou comme la gentille petite fille qui joue, <i>oh, c'est si amusant ! </i>Ils ne veulent pas que tu sois toi-même - c'est pour ça qu'ils payent plutôt que d'être avec une copine. Même la "girlfriend experience" consiste à acquiescer à tous leurs caprices. Ils te payent pour être moins qu'humaine, pour n'avoir aucun besoin ou désir par toi-même, pour être utilisée comme ils le veulent, pour réagir comme ils le veulent, pour dire ce qu'ils veulent, ton corps la toile blanche pour leurs fantasmes, même les plus extrêmes, les mots dans ta bouche, leurs mots pas les tiens. Si quelqu'un te parle avant de te baiser, ça ne réduit pas la violence.<br />
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L'omniprésence du porno légitime évidemment la façon de penser des clients. Cela leur enseigne que les femmes <i>veulent</i> se faire baiser de toutes les façons possibles, qu'importe à quel point ça peut avoir l'air extrême ou douloureux. Elle aimera ça au fond, usée et abusée et couverte de foutre, souriant pour la caméra.<br />
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Tu les hais, et ils t'utilisent, que ce soit plus ou moins brusquement, avec plus ou moins de mouvements et de paroles hardcore. Une situation perdant-perdant, une toile de mensonges faite pour masser leur ego, les faire éjaculer. Je peux dire honnêtement que ça n'a rien fait pour moi. Moins que ça, en fait. Ca a juste laissé un putain de tas de cicatrices émotionnelles qui guérissent bien plus lentement que les cicatrices physiques. Et un désir brûlant de mettre les choses à plat avec les clients. Ils doivent devenir honnêtes avec eux-mêmes. Il n'existe pas de bon client.<br />
Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-56793921552598927952012-02-07T09:37:00.000-08:002012-10-28T09:17:27.102-07:00L'homme invisibleL'élément manquant de tous les discours centrés sur l'industrie du sexe, c'est celui des hommes qui la font vivre : les clients. Le marché du sexe, c'est de l'offre et de la demande. Centrés uniquement sur les "droits" des femmes à se prostituer (ou faire du "travail du sexe", le mot "prostituée" n'est généralement pas utilisé par les soi-disant féministes "pro-sexe" qui se battent si courageusement pour le droit d'une femme à être abusée ; c'est un terme trop minable, trop négatif, trop <i>réel</i>), les hommes qui alimentent la demande sont hors de vue.<br />
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Sans clients il n'y aurait pas de prostituées. Évident peut-être, mais largement ignoré. Elle n'est pas là pour <i>son </i>propre plaisir égoïste à elle, elle est là pour <i>lui</i>, et pour son plaisir à lui. Les corps des femmes sont vendus et maltraités et vendus uniquement parce qu'il y a <i>quelqu'un</i> qui est prêt à payer pour les maltraiter. Enlevez la demande et vous enlevez le problème.<br />
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Alors pourquoi ne parle-t-on pas des hommes qui achètent des femmes ? Comment se fait-il qu'ils parviennent à rester dans l'ombre, le jugement moral étant à la place jeté sur les femmes qui sont prostituées, qui sont maltraitées ?<br />
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On donne aux clients ce privilège, cette intimité, parce qu'<i>ils </i>ont l'argent. Le client a toujours raison ! Ce qu'il veut, il obtient. Les clients sont des consommateurs, et ce qu'ils veulent c'est avoir accès aux corps des femmes, de les utiliser comme ils le souhaitent, sans répercussions. Ils veulent une baise sans conséquences, sans cas de conscience. Ou une branlette, dans le cas de la pornographie. Et mon gars, qu'est-ce qu'on leur en donne ! La société leur donne sa bénédiction.<br />
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L'industrie du sexe, les preneurs de l'argent des clients, les fabricants de leurs fantasmes, ré-étiquettent et ré-emballent ce qu'ils font pour que ce soit plus alléchant au client, plus "feel good". Au lieu de parler de corps de femmes à vendre, l'impératif financier, ils parlent de libération sexuelle, d'une expérience insouciante, sans conséquences, sans <i>dégâts </i>pour <i>les femmes </i>qui sont vendues. C'est elles qui sont sous les feux de la rampe. C'est une situation gagnant-gagnant, ces femmes veulent juste une bonne partie de baise et les hommes leur font une <i>faveur</i> en s'y pliant. Ces femmes <i>adorent</i> ça, et l'échange d'argent, loin d'être une chose négative avec des connotations de pouvoir, est vu comme la cerise sur le gâteau : non seulement elle baise à longueur de journée, autant de bites qu'elle pourrait en rêver dans tous les trous, mais en plus elle est <i>payée </i>pour ça !<br />
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La société a bu cette histoire comme du petit lait. Nous nous sommes courbés en avant pour eux. Le problème c'est que, si tu te courbes trop loin en avant tu as des risques de te faire enculer, ce qui est exactement ce qui s'est passé ici. On s'est fait baiser par l'industrie du sexe. Ou au moins, nous sommes complices. En tant que société, nous <i>choisissons</i> de ne pas remarquer ou questionner parce que ça nous arrange, nous vivons avec ce que nous sommes devenus en dissociant les choses, en rejetant volontairement la réflexion logique et cohérente. Tu te demandais pourquoi les gens sont si irritables quand tu questionnes l'utilité de la pornographie ? Ce n'a que peu, voire rien à voir avec l'utilité ou non de la pornographie. Cela a tout à voir avec eux-mêmes. On ne voudrait pas qu'un cas de conscience vienne atténuer le plaisir ! Et peut-être qu'à un certain niveau ils réalisent qu'il y a un problème avec les minces excuses qu'ils utilisent. On dirait que la responsabilité leur retomberait dessus, comme si ils pouvaient avoir quelque chose de plus à voir avec ça que le fait de simplement s'asseoir et regarder la télé ou le magazine, en se faisant plaisir. Vite ! Reportons l'attention sur les femmes dans la pornographie ! Elle aime ça, elle est payée pour ça, elle a choisi ça, <i>et je la respecte pour ça</i>. Pfiou ! L'attention est retournée sur elle, pas besoin de me regarder de plus près ou de changer mon comportement. Les "utilisateurs" de pornographie défendent leur droit à acheter des femmes sous prétexte d'<i>aimer les femmes, respecter les femmes</i>. L'ironie ! Ce qui explique le recours immédiat aux injures pour celles et ceux qui se demandent si la pornographie est vraiment si inoffensive : frigide, anti-sexe, jaloux/se, prude ! Je vais faire de toi le méchant pour éloigner l'attention de ce que je fais.<br />
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Les femmes sont achetées pour être utilisées pour une gratification sexuelle, quoi qu'il en coûte. Non pas que vous puissiez entendre ça formulé de cette façon, rien de si dégoûtant. Nous manquons de cohérence, en tant que société, dans notre logique. Quelques exemples de notre manque de réflexion engagée ? La pédo-pornographie est (à juste titre) illégale. Mais dès qu'elle atteint ses 18 ans ? Alors on la photographiera pour la catégorie "à peine légal" ou autre merde du même genre, toute pensée pour son bien-être s'étant magiquement évaporée à l'instant où le chiffre à changé.<br />
Le viol est illégal, la maltraitance physique est illégale. Mais la pornographie mainstream est de plus en plus agressive, avec des crachats, des injures, des cheveux tirés, des femmes qui s'étouffent sur des bites et qui vomissent, des corps de femmes distendus, et leurs dégâts glorifiés et on en rit ("Déesse du trou béant !" etc.). Comment pouvons-nous punir un abus mais défendre l'autre ? Comment avons-nous pu être assez stupides pour croire qu'il n'y aurait pas de mélange des genres, pas de changement de mentalité envers les femmes en général, affectant les interactions avec les femmes dans la vie de tous les jours, causés par la consommation de porno hardcore ? Quelle naïveté ! Ou ignorance volontaire. Nous voulons pouvoir utiliser les femmes pour se branler dessus, donc nous ignorerons toutes les conséquences que cela aura au-delà du fait de devoir attraper les mouchoirs.<br />
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Et voilà l'exploit, la disparition des clients, l'absolution des hommes qui maltraitent les femmes de toute forme de culpabilité ou de responsabilité. Abracadraba ! Je vais faire disparaître le client et vous donner à la place la prostituée. Sa faute, son choix, son droit (!) à être là. Regardons-la plutôt que lui, ajoutons l'insulte à la blessure. Elle est baisée de toute façon, littéralement ; la blâmer un peu plus et lui mettre des mots dans la bouche ne lui fera pas de mal. Après tout, sa bouche a tellement d'usages.<br />
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Oublions-le, marmonnons quelque chose à propos des hommes ayant besoin d'un exutoire sexuel constant et d'une stimulation visuelle, à propos des mecs étant des mecs, à propos de fantasmes inoffensifs et de s'amuser un peu. Ces femmes merveilleuses qui se nomment "féministes pro-sexe" commencent, à la place, à déclamer des conneries sur le droit des femmes à "prendre le pouvoir" en tant que "travailleuses du sexe" et à "utiliser leur sexualité". Comme si elles savaient quoi que ce soit à propos de ce pour quoi elles se battent ! Ne te bats pas pour mon "droit" à être abusée, ma soeur. Elles ont gobé le langage aseptisé, peut-être sur la même longueur d'onde que le "visage" hautement publicisé de l'industrie du sexe : quelques très rares femmes disant qu'elles aiment ça et qu'il n'y a rien de mal à ça et à quel point c'est libérateur de se faire baiser autant. "<i>J'aime juste le sexe, je suis vraiment cochonne, et je suis fière de mon corps". </i>C'est encore d<i>'elles</i> qu'on parle à nouveau, la femme à nouveau ; pas de mention de l'audience pour laquelle elles performent, les hommes derrière la caméra, les dynamiques de pouvoir, juste une réaffirmation qu'elles <i>veulent</i> se faire baiser.<br />
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Ils oublient, ces gens, ces féministes "pro-sexe", que les femmes qui sont encore dans l'industrie ne sont pas libres de dire la vérité. Et qu'en fait, les femmes qui agissent comme le visage des relations publiques du lobby du sexe sont grassement payées pour le faire. Tu ne peux en aucun cas être pro-sexe et et pro-prostitution et pornographie. En faire une transaction commerciale éradique la possibilité d'une sexualité agréable puisque cela amène les relations de pouvoir dans l'équation et élimine ainsi la liberté et la vérité.<br />
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Ces soi-disant féministes détournent les yeux des rangs des détruites, des vendues, des désespérées, des femmes qui constituent 98% des prostituées. En fait, ils ne font pas que nous ignorer : ils nous calomnient, disant que nous exagérons, que la majorité des femmes aiment ça, ils désignent les sourires sur les visages des femmes dans la pornographie comme si cela voulait dire quelque chose. Ils ne se connectent pas avec la réalité de ce que c'est d'être prostituée. Ils ne peuvent pas nous regarder dans les yeux, mais ils jugent tout de même que nous sommes dans l'erreur et malhonnêtes à propos de nos expériences. Ils nous invalident sans réfléchir. Tu te trompes ! Tu aimais ça !<br />
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Vraiment amusant, ils disent la même chose que les clients. En fait, plutôt que l'étiquette "féministe pro-sexe" nous devrions peut-être utiliser "misogyne ami des proxénètes et des clients". Ou "artiste de la connerie", comme je l'avais écrit dans un post précédent.<br />
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Ce qu'ils ont totalement ignoré, et ce que la société en général ignore dans ses bêlements quotidiens des phrases de l'industrie pro-sexe, c'est que là-dehors, faisant leurs petites affaires tranquillement sans se questionner, achetant et utilisant des femmes, tout autour de nous, il y a les clients. Nous regardons les choses depuis une mauvaise perspective. Demandez à une femme qui est contrainte par les finances, par la toxicomanie, par la santé mentale ou par la violence, pourquoi elle se prostitue, et elle vous dira un mensonge, non pas parce que c'est une personne mauvaise mais parce qu'elle le <i>doit</i>, pour survivre. C'est sa protection. Elle vous dira ce que vous voulez entendre. Alors si vous voulez entendre que les prostituées, et les pornstars (ce qui est en fait la même chose) adorent ce qu'elles font, c'est ce qu'on vous dira. En vous rassurant avec un sourire : tout ça fait partie du job.<br />
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Si vous voulez <i>vraiment</i> savoir pourquoi elle est là, demandez aux clients. <i>C'est eux, la raison</i>. Les choses qu'elle fait, les actes sexuels qu'elle performe, sont pour eux, pas pour elle. Le truc, c'est que les clients ont un petit problème avec l'honnêteté. Et la franchise. Ils souhaitent rester sans visage. La femme dans la pornographie n'a pas un tel luxe, ouverte pour votre délectation et votre ravissement, un sourire figé en place pour encourager votre orgasme. Mais <i>il</i> se cache dans l'ombre d'un millier d'excuses offertes en son nom pour son comportement. Restez concentrés sur elle, et vous protégez ses abuseurs, les clients. Et ils <i>sont </i>des abuseurs - il n'existe pas une chose telle qu'un bon client. Il est temps que nous arrêtions de défendre les mauvaises personnes, d'excuser l'inexcusable, et que nous déplacions le projecteur sur les clients. Je ne peux pas imaginer un meilleur moyen de tuer la demande. Ses fantasmes dégoûtants, pervers, montrés comme étant les <i>siens à lui</i>, et pas mis dans sa bouche comme quelque chose qu'<i>elle</i> veut, et sur lequel on se branle. D'ici là, nous avons une situation de l'ordre de l'homme invisible.<br />
Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-6382035892280040852012-02-02T02:23:00.000-08:002012-09-25T11:06:43.259-07:00Avoir un proxénète ? L'enferL'enfer peut devenir une habitude. La bataille quotidienne pour la survie. Des petites victoires prises ici et là. La perspective se déforme. L'inacceptable arrive tout le temps - il faut t'en remettre. Ça va être horrible, mais la question est, <i>à quel point </i>? La peur est une constante. Tu sais que tu peux à tout moment mourir ici, être tuée ici, mais il n'y a pas d'échappatoire. L'esprit s'adapte. Le corps s'adapte. Les deux travaillent à s'éloigner de toi le plus possible. Il y a l'alcool aussi, et les drogues, quand tu peux en avoir.<br />
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Tu es reconnaissante quand ils ne te font pas trop souffrir. Dieu merci ! Une gratitude pathétique parce qu'ils ne se sont pas montrés plus sadiques qu'ils ne le sont. La bonté et la gentillesse et la compassion sont si complètement absentes que le fait d'être maltraitée, mais moins sévèrement, ressemble à un cadeau. Tu te hais dans ton impuissance.<br />
<br />
La normalité ? Concentrée sur la survie, tu oublies. Tu vis comme un animal, juste pour t'en tirer. À fouiller les poubelles pour trouver de la nourriture. Rampant quand tu ne peux pas marcher, à genoux quand ils t'y forcent. Tu es prise, encagée, piégée. Tu cesses de parler. Impossible de faire confiance à ces gens ! Sa main va-t-elle te caresser ou te frapper ? Ses mots vont-ils te bercer ou te blesser ? S'il offre quelque chose de gentil, tu attends qu'il t'attrape. Il va le reprendre, en riant peut-être, se moquant de toi parce que tu as montré ton désespoir, ou peut-être qu'il te laissera le prendre. Et se mettra en colère après. Ou peut-être pas.<br />
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Tu ne peux t'accrocher à rien de solide, tu ne peux croire en rien excepté la certitude qu'aujourd'hui tu vas souffrir. Tu es en vie uniquement parce que ton corps leur est utile. Il a une valeur, non pas parce qu'il est bon ou qu'il a une valeur intrinsèque. Il a une valeur financière, et cette valeur vient de son utilisation comme poupée à baiser.<br />
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On te possède. Ce corps n'est plus le tien : tu n'as pas droit de parole sur ce qui lui arrive. Tu veux te détacher entièrement, tu en viens à détester ce corps pour ce qu'ils lui ont fait, couvert de leurs fluides, de leurs odeurs, faible et douloureux, gelé et incapable, mais tu ne peux pas, parce que te laisser aller entièrement signifierait mourir, et tu ne veux pas ça non plus. Enfin, parfois peut-être mais tu as peur, parce que tu sais que tu es mauvaise, ils te disent que tu es mauvaise, et tu as peur du démon.<br /><br />Terrifiée par tout : être seule avec ta tête ; être avec des gens, à cause de ce qu'ils te font. Peur de mourir ici comme ça ; peur de continuer comme ça. Peur du noir et de ce qui s'y cache, mais peur de la lumière, de voir ce que tu es devenue.<br />
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Seule, seule, seule. Avec nulle part où aller.<br />
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Ici en guérison, cet enfer passé ne s'est pas simplement envolé. Tu peux être sortie de l'enfer que c'était mais être toujours <i>en </i>enfer, mentalement. L'expérience d'être torturée, physiquement et mentalement, n'est pas quelque chose que tu peux dissiper en secouant la tête ou en claquant des doigts. J'étais jeune quand ça a commencé, alors je n'ai aucun autre cadre de référence. Je lutte avec le syndrome de stress post-traumatique, les cauchemars, les dissociations... une montagne à escalader. Un progrès lent, lent, intégrer, comprendre, ressentir, accepter, faire face. Tellement frustrant !<br />
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J'ai appris à survivre, mais maintenant j'essaie d'apprendre à vivre. Et c'est quelque chose d'entièrement différent.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-23709967636045405412012-01-10T02:52:00.000-08:002012-09-25T11:12:33.026-07:00Comment baiser comme une pute (oups, je veux dire "star de porno")Juste quelques astuces que j'ai apprises sur le tas, de mon expérience d'avoir été utilisée dans la pornographie quand on me prostituait, et d'un peu de recherche sur l'expérience d'autres survivantes de la pornographie et de la prostitution.<br />
Oh oui et, P.S., la pornographie c'<i>est </i>de la prostitution, en dépit de la ligne arbitraire que la société choisit de tracer entre les deux : <i>quelqu'un</i>, que ce soit la femme, son proxénète ou son agent, est payé en échange de l'utilisation de son corps à elle.<br />
Donc les acheteurs de pornographie sont des clients de prostitution, ils gardent juste un pas de recul, même s'ils n'aimeraient pas être appelés ainsi. Vraiment étrange, une telle sensibilité aux mots, étant donné ceux qu'ils utilisent à propos des femmes dans la pornographie qu'ils achètent.<br />
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<i>Bref</i>.<br />
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Alors, vous êtes curieux de savoir comment baiser (définitivement <i>pas</i> faire l'amour) comme une "star de porno" (pute) ? Quelques indices utiles :<br />
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- Néglige ton corps et sa souffrance. Souviens-toi : il ne <i>s'agit pas </i>de toi, il s'agit des clients et de ce qu'ils veulent voir, des hommes qui te baisent et ce qu'ils veulent faire, et des hommes derrière la caméra et combien d'argent ils veulent se faire. Ton corps est seulement un véhicule pour les frissons sexuels des autres, qu'importe à quel point c'est douloureux ou pervers. Comme le disait "Buttman" John Stagliano, "le plaisir et la souffrance c'est la même chose, non ?" (1). Je suppose que c'est ce qu'on appelle jeter l'empathie par la fenêtre.<br />
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- Attends-toi à être humiliée. La plupart du plaisir que les acheteurs prennent vient du fait de te voir dégradée, que ce soit par une éjaculation faciale, ce qu'ils te disent (<i>salope ! putain ! chienne ! dis que t'es une chienne</i>), ou quand ils te giflent ou te crachent dessus ou te font des trucs merveilleux comme du ass-to-mouth ou pire. Ces trucs que les reluqueurs pro-porno disent parfois, à propos de respecter les femmes qui sont dans la pornographie parce qu'elles choisissent de le faire ? Des conneries. Ils ne te respectent pas le moins du monde et les mecs qui te besognent dessus non plus.<br />
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- Vois-toi depuis une perspective extérieure : une perspective de pornographe, une perspective de client. C'est pour ça que tu es là. Leur attention est largement focalisée entre tes jambes, d'où les zooms. Oh oui, et tes seins et ta bouche ont leur utilité aussi. C'est là que se situe ta valeur : dans ta disponibilité pour être utilisée. Tu penses qu'ils s'inquiètent de ce que ça te fait, si tu souffres ? Il n'y a pas de place pour la considération quand la caméra tourne et que les clients attendent, en trinquant sur des agressions comme une façon "d'être quittes" avec les femmes qu'ils ne peuvent pas avoir dans leur vie.<br />
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- Pénétration, pénétration, pénétration. C'est tout. Si ça <i>peut </i>être fait, quelqu'un voudra le voir, qu'importe à quel point c'est extrême. Vaginale, anale, orale... Maintenant la pénétration anale est devenue courante, la pression est de mise pour la prochaine innovation, et ton corps est sur le point d'être testé jusqu'à ses limites, pas très excitant mais risqué et douloureux, vie et mort. Comme l'avait dit un réalisateur de porno, Mitchell Spinelli, "Les gens en veulent plus. Ils veulent savoir combien de bites tu peux fourrer dans un cul... C'est comme "<i>Fear Factor</i> rencontre <i>Jackass"</i>. Rendre ça plus hard, plus obscène, plus impitoyable." (2)<br />
L'endurance est la qualité numéro 1 dont tu auras besoin ici : il ne s'agit <i>pas</i> d'aimer le sexe et d'être fière de ton corps comme ils te le disent dans les magazines. Tu penses que ce sera une expérience sexuelle excitante ? Réfléchis bien. On parle de baise brutale et prolongée, de toutes les façons possibles en risquant les déchirures, d'être tellement contusionnée que s'asseoir te fait mal, et chier du sang après. Et ils utiliseront <i>n'importe quoi</i>, pas juste leur bite : des objets ou des poings, tout ce qu'ils pourront forcer à te rentrer dedans. Tu es un ensemble de trous pour eux, de l'argent pour eux, plus l'acte sera extrême plus d'argent se feront. Difficile de voir l'humain quand on a des symboles de dollars devant les yeux.<br />
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- Sois préparée à remercier les hommes qui abusent de toi, à leur demander de te faire encore plus mal, de te baiser plus fort. L'agression physique n'est pas suffisante : ils exigent de savoir, pour le bénéfice du mec en train de se branler chez lui, pour qu'il jouisse, que ça te plaît. <i>On la traite épouvantablement, et cette petite salope n'en a jamais assez ! </i>Ou certaines audiences veulent savoir que tu souffres, alors sois prête à pleurer. Tu ne seras peut-être pas capable de t'en empêcher, de toute façon, ne t'en veux pas pour ça, tu ne sais pas à quoi tu vas te mesurer, ce face à quoi la résolution la plus forte n'est d'aucune aide. Ils ont un moyen de te briser, de t'humilier, de te faire souffrir jusqu'à ce que tes larmes coulent. Et n'oublie pas de dire merci comme une bonne fille quand ils ont fini, et de bien présenter à la caméra : ils veulent <i>voir</i> ces dégâts !</div>
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- Laisse de côté toute notion de choix, d'empowerment ou de contrôle. Tu feras ce qu'ils disent, pour éviter encore plus de violence hors caméra. L'obéissance est exigée : <i>ils</i> ont le pouvoir, ton corps est leur terrain de jeu, pour y faire ce qu'ils veulent. Qu'importe à quel point ils te traitent agressivement quand la caméra tourne, sache que ça peut être, et que ça sera, bien pire quand la elle sera éteinte.</div>
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- Et finalement, <i>prends et utilise tout ce sur quoi tu pourras mettre la main pour t'engourdir, pour réduire la douleur, mentale et physique.</i> Ce qui va arriver arrivera avec ou sans ton consentement, que tu luttes ou non, qu'ils aient à te frapper ou à te menacer d'abord ou non. Ton corps est là, et il va être gravement maltraité. Le mieux que tu puisses faire est de t'éloigner le plus possible, quoi qu'il en coûte. Alcool, drogues, dissociation. C'est ça, je crains que ce soit ta seule arme : tu es toute seule là-bas.</div>
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Ne confondez pas avec la réalité les mensonges disant des femmes dans la pornographie qu'elles ont du pouvoir et qu'elles sont respectées, qu'elles sont des "stars", que c'est un job glamour et excitant, ou tout ce qui parle de profiter du sexe, de libérer le sexe. La pornographie n'est qu'une question d'argent et de pouvoir. Les corps des femmes sont les moyens pour une fin, c'est à dire quelqu'un qui a du pouvoir sur une femme qui devient riche en la vendant, en vendant des images de sa maltraitance, et quelqu'un qui jouit là-dessus. Peut-être que s'ils en savaient un peu plus sur la réalité, les gens seraient moins enthousiastes à l'idée de "baiser comme des stars du porno", ou d'émuler la dynamique de l'abuseur et de l'abusée que nous appelons pornographie.</div>
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(1) Getting Off: Pornography and the End of Masculinity, R Jensen, Southend Press, 2007, p117<br />
(2) Ibid, p70Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-40942614222599677972012-01-08T01:44:00.000-08:002012-09-19T04:50:48.810-07:00Ce qu'il y a en dessousQuelqu'un m'a écrit récemment, et cette discussion m'a fait penser aux apparences et à la réalité. J'ai toujours eu un don incroyable pour bien présenter même dans les circonstances les plus terribles. En fait, en convalescence j'ai découvert que ma capacité à avoir l'air confiante et bien en ordre a joué contre moi quand j'appelais à l'aide. Les gens me regardent et ne voient pas de problème : pas besoin d'aide ici ! Circulez ! La réalité, les dégâts, sont bien plus profonds, et peuvent être cachés pour la majeure partie, même si c'est parfois in extremis, comme récemment mon mutisme et ma froideur ont été un peu plus difficiles à gérer sur scène. Vêtue de longues manches et parées de beaux atours, voici la femme éduquée, bien articulée. Habillée en veste et l'air nonchalant, voilà quelqu'un qui est un peu rude sur les bords, une femme plus dure avec des tatouages et de sérieuses cicatrices d'automutilation. Le langage et les manières changent pour s'adapter.<br />
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Les deux sont réelles, mais laquelle est moi ?<br />
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Ce sont les personnalités publiques, avec toutes les teintes qui existent entre les deux. Je crois jusqu'à un certain point que tout le monde s'adapte un peu pour coller à sa situation. Le problème que j'ai est un problème de degré. Il y a en fait de nombreux personnages entre lesquels ma tête balance, chacun existant de son propre droit. Je trouve ça difficile de me souvenir vraiment comment je suis dans un état d'esprit quand je suis dans un autre. Froide, Détachée, Sauvage, Angel, Emma, Destructrice, Compatissante... Les problèmes de mémoire que je rencontre comme je papillonne entre ces personnalités ajoutent à la fragmentation, la déconnexion, mon expérience de la vie comme d'une collection de clichés instantanés, une série d'événements sans vraiment de connexion apparente, ma difficulté avec le temps. Je vois que je perds le compte des jours, qu'une heure peut durer toute une vie ou alors filer le temps d'un clin d'oeil. Parfois je regarde la pendule et une heure a passé, ou plus. Je suis ailleurs, partie, perdue dans une transe.<br />
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J'ai une relation d'amour-haine avec mon apparence extérieure de compétence. Il y a du pouvoir dans le fait de porter un masque. Et je <i>peux</i> être compétente, donc ce n'est pas un mensonge. Pas toujours, en tout cas. Parfois quand je lutte, quand le syndrome de stress post traumatique est trop violent, je mets mon apparence extérieure, Angel : cheveux coiffés, maquillage parfait, vêtements frais. La portant comme une cape, j'interagis avec le monde extérieur avec un pas de recul. Je vais très bien, merci d'avoir demandé, ne te rapproche pas trop. Mais ce masque, cette cape peut aussi agir comme un instrument de torture, m'enfermant, me suffocant ; le métal se plante en moi et me fait souffrir et me piège là, toute seule.<br />
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J'ai trouvé ce texte, quelque chose que j'ai écrit à l'époque où je buvais et me droguais encore, quand j'ai commencé à sentir que je me séparais, me retrouvais découpée en deux, et moi perdue quelque part au milieu, dans l'éther. Je me fragmentais de plus en plus comme les choses empiraient, comme j'étais battue et vendue. Je suis devenue "nous", et nous faisions ce que nous devions pour tenir le coup. Parfois tout ce qu'on peut faire c'est tenir le coup. La survie est tout, heure par heure, minute par minute, à travers une volée de coups, puis une autre. Moi mais pas moi, ici mais ailleurs, une mais plusieurs, ensemble mais séparée.<br />
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Je serais internée si je leur disais ce qui se passe vraiment dans ma tête, dans mon esprit. Alors à la place je feins la normalité, l'humanité, je souris quand quelqu'un sort une blague, en fait je souris beaucoup, je suis connue comme la Souriante, mais il ne s'agit que de tirer des muscles faciaux, une contorsion débile de muscles faciaux qui ne <i>veut rien dire</i>, c'est juste de la comédie, c'est juste tirer une tête, c'est juste jouer un rôle. Je ne souris pas à l'intérieur, et si ils pouvaient voir ce qu'il y a à l'intérieur ils ne souriraient pas beaucoup non plus.<br />
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À l'intérieur il y a les ténèbres, les débris et les dégâts, et un sentiment sirupeux, putréfié, de désastre, de mal qui semble primitif, et qui est injecté à l'intérieur de mon noyau. Ne vous approchez pas de moi ou je suinterai mes DÉGÂTS sur vous. Je suis comme une viande en décomposition, je pourris de l'intérieur vers l'extérieur, le mal creuse son chemin à travers moi et l'extérieur joli et souriant sert juste à rendre tout ça encore plus terrifiant parce que si vous me rencontriez juste pour discuter vous pourriez faire erreur en pensant qu'il n'y a Pas De Problème et que je suis une Fille Adorable. Je vois le démon assis au bout de mon lit. Je veux infliger de la douleur, de la douleur comme celle que je ressens, je veux endommager comme je suis endommagée.<br />
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Je ne me regarde plus dans les yeux dans le miroir. J'ai peur de moi et je ne fais confiance à personne. Je méprise les gens autour de moi. Ils ne voient que ce qu'ils veulent voir et ce n'est pas la vraie moi. Je suis l'actrice consommée, la réalisatrice, je tire les ficelles mais ils ne voient rien. Il est mieux, plus sûr, de ne rien laisser voir, la connaissance c'est le pouvoir et je ne suis pas près de donner <i>ça</i> à n'importe quel connard comme ça. Ce n'est pas que je mente, c'est juste que je ne dis pas la vérité.<br />
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L'écart entre la moi Souriante, la moi Normale, que je présente, et l'Autre moi, mon côté sombre, devient caverneux. Je me sens prise entre les deux, détachée et perdue. Je vis deux vies, l'une visible et fausse, l'autre cachée mais plus réelle, ces deux aspects de moi-même ne se rencontrant que parce que nous partageons le même corps. Mon corps me semble étranger, séparé de mon esprit et de l'obscurité, juste un cadre à graver avec des balafres, un vaisseau pour se laisser aller aux substances que je choisis, quelque chose que je porte et avec lequel je flirte et je baise. Mon esprit, c'est un autre endroit.<br />
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Je suis un voyeur dans ma propre vie.<br />
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J'aime et je hais le Sourire, le Masque, il me permet de me sentir distante et de passer inaperçue dans un monde auquel j'ai de plus en plus l'impression de ne pas appartenir. Je viens d'un autre endroit, un endroit plus obscur, et je me retrouve à rechercher le noir et le danger. Je flirte avec, en partie effrayée, en partie excitée, je joue avec le feu et je sais que je vais me brûler mais je ne peux pas le lâcher. Je ne peux jamais lâcher les choses : je suis une Addict, une Obsessionnelle. Une petite partie de moi voudrait que les gens se rendent compte, voient ma souffrance, voient mon bouleversement, m'aident à me relever et à sortir de cette fosse dans laquelle je suis. Mais je suis partie beaucoup trop loin pour laisser les gens voir la Vraie moi. Mon état est Inacceptable, et je le sais.<br />
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C'est un progrès lent, rassembler les morceaux d'Angel. Je ne suis plus là où j'étais quand je buvais et me droguais, je ne suis plus le sujet d'hallucinations chimiques et des complications associées : je sais maintenant que c'est avec moi que je dois me débrouiller, pas avec les effets secondaires de l'auto-médication. Mais sous de nombreux aspects il serait moins douloureux, plus facile, de rester fragmentée. Me réintégrer implique de me rendre compte et de revivre le trauma extrême que j'ai enduré en tant que femme battue, femme qui a été vendue. Au fond, je veux être capable de m'engager dans des relations authentiques avec les autres, ne pas être seule, et cela requiert que je commence avec moi-même. Tant que <i>je</i> ne serai pas entière je resterai à une distance, susceptible de causer des dégâts et de la confusion, aux autres qui s'occupent de moi, et à moi-même. La confiance est une chose importante ; pour commencer à guérir et à rassembler ces fragments, j'ai besoin d'aide. C'est difficile. Mais je m'en approche, même si certains jours j'ai l'impression de faire un pas en avant et trois pas en arrière. Je veux être capable de dire : ce que vous voyez, c'est la vérité. À prendre ou à laisser, mais c'est <i>moi. Voilà </i>Angel.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-45078112690945539662012-01-04T23:31:00.000-08:002012-09-02T14:04:03.812-07:00Sur les mots en faveur de la prostitution, et autres foliesJe suis tombée sur un argument mis en avant par un membre du Parlement français dans le débat à propos de l'adoption ou non d'un modèle suédois pour la prostitution, visant les clients plutôt que les prostituées. Il ne voyait pas le problème avec la prostitution. Il a dit : la prostitution est le plus vieux métier du monde. S'il n'y avait pas l'exutoire sûr et légal qu'est la prostitution, il y aurait plus d'agressions sexuelles. La prostitution devrait être régulée, pas rendue illégale.<br />
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Un examen approfondi montre que cet argument est fallacieux sous tous ses aspects. Prenez le commentaire sur le "plus vieux métier du monde" par exemple. Cela implique que la prostitution est un système bien-fondé simplement en vertu de son historicité. Il y a toujours eu des femmes qui se sont fait baiser pour de l'argent donc tout va bien. Le bear baiting (<a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Bear-baiting">voir ici</a>) et les combats de gladiateurs sont aussi historiques mais je suis sûre que personne n'irait proposer de les légaliser en utilisant cet argument. La pensée moderne a généralement reconnu beaucoup de pratiques d'antan comme barbares et cruelles, et à raison. Alors nous devrions éliminer ce mode de pensée du "vieux = bon". De toute façon, je ne suis pas sûre qu'être abusée verbalement, physiquement et sexuellement puisse être classé comme une profession.<br />
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Cette idée de "plus vieux métier" a aussi l'odeur de l'inévitable : la prostitution a toujours existé, existe et existera toujours. Ceci est tout simplement faux. Il n'y a rien d'inévitable dans la prostitution. La façon dont fonctionne notre société, les "normes" qu'elle accepte et perpétue, sont des constructions sociales. L'industrie du sexe cherche à naturaliser les inégalités entre les sexes pour raffermir sa prise, pour dire c'est ainsi que sont les hommes (ils ont constamment besoin d'un exutoire sexuel), c'est ainsi que sont les femmes (capables de se faire de l'argent en fournissant ce "service"). Une fois que nous voyons quelque chose comme normal ou inévitable, nous cessons de questionner son existence ou sa moralité - c'est ce que l'industrie du sexe attend de nous. Même si on voulait argumenter que la prostitution <i>est</i> inévitable, est-ce que cela nous enlèverait la responsabilité d'essayer de changer cela, d'essayer de l'arrêter, une fois que nous avons reconnu que c'était profondément néfaste ? On peut arguer que les violences conjugales ne seront jamais complètement éradiquées, mais cela signifie-t-il que nous devrions arrêter d'essayer, les décriminaliser, et fermer les refuges ?<br />
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Ensuite l'argument de la prostitution qui protégerait des agressions sexuelles, une sorte de valve de sécurité si vous voulez, pour l'homme qui est désespéré. Dire que la prostitution est acceptable parce qu'elle empêche des abus plus sérieux, c'est offrir un groupe de gens - ici les prostituées - et dire, laissons-les être les victimes ici, offrons leur sang à la bête pour que le reste d'entre nous, le groupe social majoritaire, soyons sauvés. C'est créer une sous-classe et justifier leur maltraitance pour protéger ceux qui ont des droits. On leur déniera leur sécurité, leurs droits humains, pour assurer les nôtres. Mieux vaut que ce soient elles que nous !<br />
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Cet argument implique que les violeurs et les coupables d'agressions sexuelles ne sont en quelque sorte pas responsables de leurs actions. Ils vont faire du mal à des gens, c'est un fait, alors autant qu'ils fassent souffrir cette femme-là plutôt que cette femme ici qui est socialement acceptable. Souhaitons-nous réellement dire que les actions des gens sont prédestinées, inévitables ? N'est-ce pas les approuver ? Qu'est-il arrivé au libre arbitre ? Et à la responsabilité personnelle ? Si je te frappe, c'est parce que je l'ai <i>décidé</i>. Mon bras n'a pas une force vitale de lui-même. De même si une personne en viole une autre, c'est une décision aussi. À la fin, <i>l'homme qui viole prend une décision.</i> Il n'est pas à la merci de son pénis ! L'homme qui agresse sexuellement prend une décision. Tout comme l'homme qui tabasse. Le système pénal tout entier est basé sur cette compréhension du fait que l'individu est responsable de ses actions.<br />
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Si un homme agresse sexuellement quelqu'un, il doit être puni. La loi existe pour nous protéger. Nous ne pouvons pas lui offrir des excuses, dire qu'il n'a pas pu s'en empêcher, et classifier la maltraitance comme acceptable à cause de l'échange d'argent. La pornographie ajoute encore à la naturalisation de ce mode de pensée : "les hommes sont des hommes" et sont fondamentalement différents des femmes, ont besoin de plein de partenaires sexuelles, de stimulation visuelle et d'un exutoire sexuel constamment disponible, que ce soit en utilisant des femmes dans la pornographie ou des femmes en personne, qu'elles soient des prostituées ou des partenaires.<br />
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Cet argument implique également que les clients sont des violeurs et des agresseurs sexuels. Si c'est le cas, si on reconnaît que le portrait du client moyen fait dans Pretty Woman était juste un brin optimiste, pourquoi devrions nous attendre de la prostituée qu'elle ait à faire à lui, et ensuite dire, c'est son choix, son problème ? Cet argument fait des prostituées un "mal nécessaire" comme exutoire pour les désirs sexuels frustrés de pervers violents.<br />
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Puis nous avons l'idée de la régulation de la prostitution. Dire que nous devrions légaliser la prostitution et la réguler, c'est sous-entendre qu'il existe une chose telle que la sécurité pour une prostituée. C'est dire, si on te met dans une jolie chambre avec un adorable couvre-lit, tu peux te faire baiser sans problème : rien de mal ne pourra t'arriver. En réalité, tu peux changer le décor mais tu ne peux pas changer la nature de l'acte. La prostitution est une histoire de pouvoir : le client a le pouvoir parce qu'il a l'argent et il a la force physique de son côté. La prostituée est l'objet de ses fantaisies, sa poupée gonflable à utiliser et maltraiter comme il veut. La nature même de l'acte est agressive.<br />
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Il n'existe pas de prostitution sûre, où qu'elle puisse prendre place. Au final il y aura toujours une inégalité, une femme nue et vulnérable et un homme (ou peut-être plus d'un, ça dépend), sa présence même étant au service de son plaisir sexuel, quoi qu'il en coûte. Et la sécurité implique des limites, des frontières, et un soutien. Où sont les limites quand un client baise une prostituée ? Quand il retire le préservatif quand il est derrière elle, même sur un joli couvre-lit, où est son soutien ? Est-ce qu'avoir une jolie réceptionniste ou quelqu'un à la porte l'aide quand elle est seule avec lui et qu'il fait ce qu'il veut ? Ou quand il la baise plus fort parce que ça lui fait mal, s'enfonce plus loin dans sa gorge pour la voir avoir des haut-le-coeur ? Il peut tout aussi facilement la violer, tout aussi facilement lui faire mal, dans une jolie chambre avec un joli couvre-lit, tout aussi facilement que dans un coin de rue. Cela offre simplement un vernis de respectabilité à l'acheteur, et au proxénète. La prostituée n'en est pas mieux lotie. Elle aura toujours le fardeau d'avaler ce qu'il lui a fait, de ne rien dire, sa honte à elle et pas à lui, sa faute à elle d'avoir été là. Les mots qu'il chuchote dans son oreille, lui disant toutes les choses perverses qu'il veut lui faire, ne seront pas différentes pour la femme. Elle est là pour son plaisir, sa gratification sexuelle, quoi que cela signifie. Point final.<br />
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Dans le contexte de la prostitution légalisée, le proxénète devient un businessman, l'acheteur un client. Tout le monde respire tranquillement, sans aucun scrupule, parce que les préjudices sont devenus invisibles. Les dommages faits aux prostituées deviennent invisibles parce que le langage avec lequel en parler a disparu. Nous utilisons déjà bien assez peu de vocabulaire réaliste pour débattre de la prostitution. La discussion tend vers le néant, étant limitée à des concepts abstraits de libération, empowerment et choix. Revenez à la réalité !<br />
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Les demandes de légalisation de la prostitution et de sa régulation sont purement dans l'intérêt des proxénètes et des clients. 68% des femmes dans la prostitution souffrent de Syndrome de Stress Post Traumatique, au même taux que les victimes de torture et les vétérans de guerre (voir www.object.org.uk). Réguler la prostitution n'est pas la réponse. Lever les mains en l'air et dire que c'est inévitable n'est pas la réponse. Eduquer les gens sur les réalités de la prostitution, en abandonnant les bêlements insensés et aseptisés sur le choix, la libération, l'empowerment pour les femmes, et en offrant de <i>vrais</i> choix aux femmes qui se retrouvent dans des situations désespérées, c'est cela dont on a besoin. Tant que les femmes ne connaîtront pas les réalités de la prostitution, elles continueront à y être vulnérables. Tant que les femmes ne voient pas d'autres options quand elles font face à des problèmes de santé mentale, de pauvreté et d'addictions, elles continueront à être vulnérables. Et tant que les femmes ne reconnaîtront pas la nature personnelle de la prostitution dans toute sa gloire - sperme et peur et agression et douleur et humiliation, cicatrices physiques et mentales, clients qui ne ressemblent en rien à Richard Gere - beaucoup continueront de se battre pour le droit des femmes à continuer à être maltraitées et à subir du tort dans la prostitution.<br />
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Ne vous battez pas pour cela en mon nom. Sachez la vérité : vous vous battez pour les droits des proxénètes et des clients. C'est de la pure folie.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-58011102386885345572012-01-03T15:07:00.000-08:002012-08-18T06:20:47.014-07:00Pretty woman ?<i>J'ai récemment redécouvert ce texte, que j'avais écrit il y a un moment. Une lettre de rappel de la gratitude d'être sortie de l'industrie du sexe et en guérison de ma toxicomanie...</i><br />
<i><br /></i>
Avance rapide d'un an et je suis sortie, debout éveillée et loin de mon partenaire. Enfin, loin, au moins ; je ne peux pas dire que je me sois relevée. En réalité je continue à jouer le jeu, bien que ce soit dans un autre environnement, entourée d'autres personnes, à un autre moment. Je ne suis plus l'objet de sa violence, des punitions qu'il distribuait, je ne suis plus forcée à performer pour ses amis, à payer pour l'alcool et les drogues qu'il utilise, mais je suis toujours piégée. Ma jambe a été prise dans le piège et elle n'en ressort pas. J'ai toujours ma propre petite habitude à laquelle je dois subvenir, les drogues et l'alcool, les drogues ont un prix et ce prix c'est moi. Je suis trop foutue avec les hommes, trop foutue avec les drogues et l'alcool et les répétitions de la violence passée pour pouvoir trouver un job normal. Je me sens merdique et sans valeur, et donc je me retrouve à me tourner vers la seule industrie où tout ça est plus ou moins un pré-requis pour travailler. Je suis devenue une prostituée, une pute, une travailleuse du sexe ; le nom varie mais le travail est le même. Je me dis que je peux fermer mon esprit, que ça ne m'arrive pas vraiment, j'ai un faux nom pour le travail, ce n'est que jouer la comédie à nouveau, rien qu'un autre rôle, ça ne m'affectera pas, ces connards ne m'atteindront pas. Je passe mon temps à me dire que si je me le répète assez, ça deviendra peut-être vrai.<br />
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Je travaille dans un salon de massage, je vois jusqu'à 8 hommes par jour. Parfois il y a tout juste le temps de descendre à la salle de bain exiguë et s'éponger, mettre un peu de gloss, boire un peu de vodka et ensuite il faut remonter pour le prochain acheteur. C'est vraiment incroyable pour moi d'en être arrivée là, que ma vie en soit arrivée là, moi qui avais le monde à mes pieds, qui étais major de promo, qui pouvais être n'importe qui, n'importe quoi, aller n'importe où. Comment en suis-je arrivée ici, à vendre mon corps à 45£ la passe, avec des hommes à qui je n'accepterais normalement même pas de dire l'heure, pour qu'ils éjaculent sur mes seins ou sur mon visage (ils disent qu'ils ont mal visé) ?<br />
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Ca ne devrait pas me surprendre, pas après tout ce qui s'est passé avec mon partenaire, pas avec l'addiction et les problèmes de santé mentale auxquels j'ai du faire face, mais ça me surprend quand même. J'avais une longue chute à faire. Oh comme les puissants sont tombés ! C'est plutôt ironique aussi que je sois en train de me vendre comme ça à ce moment là, quand je suis en train de perdre mon apparence à cause de l'alcool et des drogues. J'ai cet aspect bouffi, pâle avec les joues rouges qu'ont tous les alcooliques d'une certaine ferveur. Je suis plus grosse que je ne l'ai jamais été et pourtant des hommes me paient pour du sexe. Ca me rend presque joyeuse, d'une manière amère et perverse, mon ex me disait toujours que personne ne serait attiré par moi si je me laissais aller, on ne voudrait pas que tu deviennes encore plus une grosse vache que tu ne l'es déjà, n'est-ce pas ? Je lui ai prouvé le contraire.<br />
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Ou peut-être pas. Les hommes qui viennent ici ne sont pas exactement Richard Gere. Ce n'est pas comme si ils avaient le choix entre les femmes. La plupart sont vieux, la plupart sont des enfoirés de bâtards immondes, la plupart haïssent les femmes parce qu'elles les rejettent et ils ont des objectifs à atteindre. Ceux-là sont les pires. Ils agissent comme des sadiques, ils me font mal volontairement, pour s'exciter. Je ne réponds pas, j'ai mal mais je ne réagis pas, et ils détestent ça et ils me font encore plus mal. J'avais résolu après mon ex de ne jamais montrer à un homme qu'il me faisait souffrir, lui et ses potes faisaient des trucs exprès pour me faire pleurer. La honte que je ressens en pleurant devant eux, en leur donnant ce plaisir (mes larmes les faisaient rire) reste avec moi. La honte et les cicatrices sont restées avec moi.<br />
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J'ai des cicatrices sur tout le corps, le dos de mes jambes, mes cuisses, mon ventre, mes fesses. Il m'a plusieurs fois blessée avec des tessons de verre, il me battait fréquemment et sévèrement, parfois avec une ceinture. Chaque fois que je prends une douche, chaque fois que je me regarde, elles sont là, c'est comme s'il était toujours là alors que je suis partie loin de lui, il a laissé ses traces sur moi, le sang et le sperme ont peut être été lavés mais le sentiment de saleté reste, parfois j'ai l'impression que les cicatrices me brûlent, un signe que sa présence malveillante ne sortira jamais de ma vie. Les acheteurs s'en foutent, leur regard est fixé : seins, trous, c'est tout ce qui les intéresse.<br />
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J'ai des flashbacks, j'ai des nausées et je tremble quand ça m'arrive, j'ai l'impression d'être de retour là-bas avec mon ex, ma poitrine et ma gorge se compriment et j'ai l'impression de ne plus pouvoir respirer, je suis étouffée, étranglée, on me vide de ma vie. Parfois, je m'évanouissais quand ça arrivait pour de vrai. J'ai encore les ressentis. J'ai l'impression de devenir folle. Je dors avec la lumière allumée. L'alcool m'assomme, j'en suis à un litre et demi de vodka par jour plus des extras, mais je me réveille la nuit, les draps du lit trempés de sueur, le coeur battant violemment à toute vitesse. J'entends des voix, la voix de mon ex et les voix des autres hommes qui m'ont utilisée, elles sont si réelles que j'ai du mal à croire qu'il n'y a personne ici. Je m'asseois par terre à côté des toilettes, tremblant et vomissant mes tripes.<br />
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Parfois je demande à Dieu de me sortir de là, je l'implore, je tombe à genoux et dis, hey Dieu, si tu es vraiment là haut, s'il te plaît aide-moi à me sortir de cette merde. Je marchande et je fais des promesses, aide-moi à arrêter de boire, à me remettre à l'endroit et je ferai tout ce que tu veux Dieu, n'importe quoi, mais s'il te plaît aide-moi. Face à un silence assourdissant, je suppose que Dieu me déteste, ce qui me paraît cohérent : j'ai l'impression d'être l'antéchrist.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-74386943083615845402012-01-01T18:22:00.000-08:002012-07-22T14:22:24.346-07:00À propos de choix : cages invisibles et pièges langagiersCa semble si simple quand ils le disent, si raisonnable. S'il la frappe, elle devrait le quitter, et si elle ne le quitte pas, c'est son choix et son problème. Si elle n'aimait pas ce qu'ils lui font dans la pornographie, elle ne sourirait pas et ne dirait pas baise moi plus fort, et elle ne choisirait pas d'en faire partie. Si elle ne se faisait pas plein d'argent dans la prostitution (escort et lapdance inclus, c'est la même chose), elle ne choisirait pas d'en faire partie.<br /><br />Choix.<br />
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Le voilà, ce petit mot, si petit et apparemment innofensif. Un mot librement crié sur les toits, sans tenir compte de la maltraitance des femmes. Quel coup pour les femmes qui sont vendues, piégées dans la violence !<br />
Ce petit mot, "choix", est la clé pour que la société puisse se laver les mains de toute responsabilité, de toute empathie, de toute tentative de s'intéresser ou de comprendre les femmes qui vivent une demi vie.<br />
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On aime le mot "choix" ici en Occident. On s'accroche tellement fort à nos choix et nos libertés, nos droits. Nous oublions qu'avec les droits viennent les responsabilités. La liberté est une belle chose, tout comme le choix. Mais nous oublions que certains choix sont moins libres que d'autres, que certains choix faits librement nous limitent ensuite nous ainsi que nos futurs choix, nous piègent et finissent par détruire notre liberté.<br />
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Ces choses sont rarement aussi simples qu'elles en ont l'air. Supposer qu'elles le sont et que nous comprenons les femmes dans des situations complexes, généralement sans prendre le temps de les connaître, de leur demander, de les comprendre, c'est leur rendre un très mauvais service. C'est poser un jugement, sous-entendre qu'elles sont stupides, les blâmer et leur attribuer la faute, à ces femmes qui sont coincées dans le système, les jambes prises dans le piège.<br />
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Si nous disons qu'une femme qui reste dans une relation violente devrait simplement partir, nous impliquons qu'elle le peut, qu'elle a la liberté de faire ce choix autant qu'un autre choix parmi des choix variés. C'est ignorer, ou écarter consciemment, les autres facteurs qui sont en jeu ici : l'instabilité financière, le problème de l'endroit où elle va aller, si elle a quelqu'un qui lui offre un soutien émotionnel et matériel, sa santé mentale... Les femmes qui subissent une situation traumatisante, telles qu'une femme battue ou une femme dans la prostitution ou la pornographie, <i>seront traumatisées</i>. C'est peut-être évident, mais c'est largement ignoré. C'est rarement quelque chose qu'on voit pris en compte dans les conversations autour de la maltraitance des femmes. Devrions-nous châtier les personnes traumatisées parce qu'elles n'ont pas les pensées assez claires ?<br /><br />Quand ton estime de toi t'est arrachée jour après jour par ce que ton partenaire te dit, par ce qu'il te fait, tu sens que tu ne peux plus continuer comme ça, que tu ne peux pas t'en sortir toute seule. Il te traite comme de la merde et te dit que tu es une merde et que tu le mérites, et tu entends les voix de complets étrangers en choeur avec lui, disant que tu dois aimer ça sans quoi tu ne retournerais pas près de lui. Ou alors ils ne te croient pas : il est si gentil ! Vu de l'extérieur en tout cas. Tu t'en prends à toi même, résultat de l'humiliation et de la souffrance, tu t'éloignes des gens, et à mesure que tu t'estompes il prend de plus en plus de place. Les gens extérieurs voient ce qu'ils veulent et te jugent <i>toi -</i> tu n'es plus aussi sociable maintenant, maintenant que tu sais ce que les gens peuvent te faire, ce qu'ils pensent de toi. Ton manque de confiance, qui est une conséquence directe de la maltraitance, joue maintenant contre toi, te discrédite encore plus. Tu deviens invisible.<br />
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Face à la maltraitance, peut-être que tu as bu un peu plus ou que tu as utilisé des drogues pour éloigner la souffrance, n'importe quoi qui puisse aider. Un choix ? Peut-être au début, mais ensuite tu ne pouvais plus t'arrêter. Jusqu'à 95% des femmes dans la prostitution sont des utilisatrices problématiques de drogues (voir <a href="http://www.object.org.uk/">www.object.org.uk</a> pour les statistiques). Les deux choses vont main dans la main, l'auto-maltraitance et la maltraitance, et le besoin d'argent t'y piège. 74% des femmes citent la pauvreté comme la motivation principale pour entrer dans la prostitution. Les femmes qui subissent des violences conjugales peuvent se retrouver piégées par les problèmes financiers, et sans domicile si elles partent.<br />
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J'ai entendu dire qu'il y a de l'aide là dehors, et que donc si les femmes ne s'en servent pas, c'est que c'est leur choix. Une femme abattue, qui ne fait que survivre, qui se concentre uniquement sur là-dessus, n'est pas toujours dans le meilleur état d'esprit pour évaluer les options, pour <i>voir</i> les choix, et n'est pas toujours assez forte pour agir. Vivre dans la peur constante est terriblement débilitant.<br />
Les études montrent que le moment le plus dangereux pour une femme qui vit des violences conjugales, c'est quand elle décide de partir. Les femmes battues ne sont pas stupides - nous apprenons vite, nous nous dissocions et nous engourdissons, nous vivons dans le déni parfois, juste pour survivre. C'est difficile d'appeler à l'aide quand tu as été abattue, quand tu as fait confiance aux mauvaises personnes par le passé, quand tu risques de vivre encore plus de violence, quand tu as peur qu'il te tue, peut-être qu'il t'a dit qu'il le ferait ou bien tu sais de quoi il est capable. J'avais essayé de partir avant d'avoir eu la chance de trouver un abri, et la leçon qu'il m'a donnée après ça, quand il l'a découvert, m'est restée. Je n'ai pas pu marcher pendant des jours.<br />
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Choix, choix, choix, hein.<br />
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Tant que la discussion autour de la prostitution et de la pornographie est formulée dans le langage de l'amusement, de l'empowerment et de la libération, tant que les femmes qui ont été utilisées et abusées par l'industrie continuent d'être rendues muettes et invalidées, le langage du choix n'a aucun sens. Nous vivons dans une culture qui malmène les femmes, où les collégiennes rêvent d'être des mannequins glamour, où la réalité de l'industrie du sexe est recouverte d'un vernis de respectabilité, avec des porn stars dans des émissions télé, des histoires pro-industrie du sexe dans les magazines féminins et l'attente d'argent facile et de divertissement innocent - juste un job comme n'importe quel autre.<br />
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Je ne connais aucun métier en dehors de la prostitution et de la pornographie où un corps et un esprit sont autant maltraités, où des étrangers te baisent par tous les trous et de toutes les façons possibles, où 68% des femmes vivent un Syndrome de Stress Post-Traumatique du même genre que ceux des victimes de torture et des vétérans de guerre, où la violence est la routine, où tu es verbalement, physiquement et sexuellement abusée pour faire jouir les autres. Des hommes ont craché dans ma bouche, m'ont traité de pouffiasse, de salope, de pute, m'ont dit que je n'étais bonne qu'à ça, qu'ils aimeraient me tuer après avoir fini de me violer, on m'a dit de performer pour la caméra ou alors on me donnait des cachets pour "m'aider" à me relaxer. Je pourrais continuer pendant des pages. La maltraitance était sans fin.<br />
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Il faut que l'on fasse en sorte que le langage autour de la violence envers les femmes reste réel. Changez le langage et vous réduisez le débat au silence. Face aux problèmes de santé mentale, à la pauvreté, à la violence, à la désinformation et à la toxicomanie, le langage du choix n'a aucun sens. Nous devons rendre les réalités visibles. Sur la pornographie et la prostitution nous devons dire la vérité et ne pas l'aseptiser : il s'agit d'argent et de pouvoir, d'inégalités et d'imposition de souffrance, d'agressivité et de sperme, de corps de femmes vendues et maltraitées. Il s'agit de ce qui arrive à la femme ensuite, si elle a la chance de s'en échapper : cauchemars, attaques de panique, reviviscences, problèmes de confiance, dissociations, addictions, sérieuses cicatrices physiques et mentales qui mettront des années à guérir, et ne seront jamais oubliées.<br />
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La prochaine fois que nous entendons quelqu'un porter allègrement des jugements sur des femmes, et condamner leurs choix, nous devons changer de langage. C'est inconfortable, et cela doit l'être. Tant que nous continuons d'utiliser de façon simpliste le mot "choix" à propos des femmes dans la prostitution et la pornographie, nous nous lavons les mains de toute responsabilité. Cela signifie que je peux justifier ma consommation de pornographie, profiter de pouvoir en rire et me branler dessus, sans culpabilité.<br />
<span style="background-color: white;">Si l'industrie du sexe est aussi puissante, aussi omniprésente, aussi généralisée, c'est grâce à notre complicité, notre déni. Nous devons briser ce déni, et la première façon de fissurer l'armure est d'arrêter de s'accrocher à la défense simpliste de la maltraitance des femmes en disant que c'est un choix.</span><br />Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-2249844048241173132011-11-29T13:52:00.000-08:002012-07-08T14:04:10.979-07:00Sans honteJ'ai ressenti beaucoup de honte ces derniers temps. Mais alors je me dis, la honte <i>de qui </i>?<br />
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Et je pense à...<br />
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La continuelle objectification sexuelle des femmes partout. Pas d'échappatoire, pas de moyen de s'en éloigner, au cinéma, dans les films, à la télé, dans les magazines "pour hommes", les magazines féminins, les magazines porno, les pubs, les clips, les pop-ups sur internet, le spam, les dvd porno, même la radio et les livres. Partout est célébrée la soumission des femmes, l'inégalité définie comme naturelle et célébrée, c'est leur but à elle et lui. Elle veut être utilisée maltraitée et sexualisée tout autant qu'il veut l'utiliser la maltraiter et la sexualiser.<br />
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La domination de quelques voix. Jenna Jameson, un "succès" du porno qui s'est fait pas mal d'argent là-dedans, l'exception et pas la règle, membre d'une minuscule mais puissante minorité de pantins de l'industrie du sexe, des femmes dont les voix sont utilisées pour défendre sa bonne marche. Ils utilisent des femmes comme Jenna pour nous dire à quel point le porno est bon pour nous, même pour les femmes qu'il utilise. Vous voulez être Jenna Jameson ? Violée en groupe et laissée pour morte quand elle était adolescente, et elle ne voit pas le rapport. Nous avions besoin de thérapie et à la place on s'est littéralement fait baiser encore et encore pour le profit et le plaisir des autres. Maintenant nous avons du mal à nous confier en thérapie.<br />
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C'est un cercle vicieux : je me sens sale et honteuse donc j'accepte d'être traitée comme sale et honteuse, ce qui me fait me sentir sale et honteuse. Piégée pour les gains des proxénètes et des clients, pour le plaisir du client de l'enregistrement de ma maltraitance, un dvd "adulte" ou des photos.<br />
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La honte de qui ? Des proxénètes et des clients. Je pensais que c'était ma honte. Ma honte ? Mon cul. Littéralement.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-31291336565727256222011-11-28T04:55:00.000-08:002012-07-01T15:54:55.566-07:00Noyade<br />
Et je sens les mots s'échapper, je trouve mon corps incapable de répondre, je sens mes mâchoires se serrer. Mes lèvres semblent être collées l'une à l'autre, comme si j'étais bâillonnée, muette et ligotée. Je suis entièrement impuissante, figée comme un lapin pris dans la lumière des phares. Mes pensées filent à toute allure ou alors se vident : soit je suis trop présente dans ma tête soit je suis absente, emportée dans une vague de néant. Les pensées sont alors lentes, détachées : celles d'un observateur, à peine intéressé. À l'autre extrême, je me sens complètement piégée, enchaînée à ce corps et handicapée par lui : je lui commande de bouger et il ne le fait pas, je crie dans ma tête à mes lèvres de bouger mais elles ne le font pas. J'ai l'impression de me noyer sans pouvoir crier à l'aide. Je peux cligner des yeux, mais ça s'arrête là.<br />
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La cause de cette réaction de renfermement extrême ? N'importe quelle chose qui puisse me rappeler le pire de mon passé. Ma tête et mon corps titubent en revivant le traumatisme, je suis submergée par lui, engouffrée en lui. Je prie pour avoir la réaction de détachement : l'autre est trop douloureuse, trop solitaire, pour être supportable. Quand c'est arrivé en thérapie l'autre jour, je me suis retrouvée piégée dans mon passé, des images torturantes de ma maltraitance brûlant dans mon esprit et dans mon corps, infirme et seule.<br />
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Je ne veux plus retourner là-bas toute seule.<br />
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Tout est connecté. Une pensée, un souvenir en déclenche un autre et encore un autre et c'est parti, un cercle d'horreur s'élargissant sans cesse devant mes yeux seulement, dans ma tête seulement. Je veux crier "aidez-moi, s'il vous plaît aidez-moi, soyez là avec moi, aidez-moi à sortir de là", mais aucun mot ne vient. Mes lèvres restent soudées, imperméables à mes ordres d'ouverture.<br />
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Cela ne devrait pas me surprendre de devoir parfois lutter pour ouvrir la bouche, que ce soit pour manger ou pour parler. Ma bouche a été gravement maltraitée quand j'ai été vendue : je m'étranglais et vomissais sur bite après bite enfoncée dans ma gorge, les poumons en feu, les yeux dégoulinant. En situation ressentie comme risquée, ma bouche refuse de coopérer.<br />
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Pour ce qui est des mots, de parler, d'appeler à l'aide, cela ne devrait pas me surprendre non plus. Quand j'ouvrais ma bouche je risquais son poing, alors j'ai arrêté de parler. Et les mots me manquaient de toute façon, étaient inadéquats de toute façon, s'enfuyaient de toute façon. Comment transmettre la terreur qu'est le viol collectif ? Comment transmettre la dégradation que tu subis chaque jour en étant frappée, en étant vendue. Les récits deviennent disjoints à cause des blackouts. Les émotions ? Mon dieu, tu n'as aucune idée de ce que tu ressens. De la peur au-delà de toute description, de la souffrance au-delà des mots, l'engourdissement d'aller encore au-delà de ça, au-delà.<br />
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Tout s'effondre au final. Tu te détaches et tu t'observes battue, violée, au bord de la mort. Tu n'as aucun pouvoir là-dessus, aucune échappatoire. C'est un peu comme observer le monde de sous l'eau, à distance : le son semble éloigné, les actions semblent ralenties. Un accident de voiture en slow motion, sans l'émotion.<br />
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Puis le dégoût revient dans ton corps, dans les émotions, tu vois à nouveau avec tes yeux, tu entends avec tes oreilles, tu ressens ce qu'ils font. De retour dans la peur et les pensées qui filent, les tremblements et l'<i>être</i>. Réunie avec ton corps, la douleur revient à toute vitesse et t'étouffe. Ta poitrine se comprime, ta gorge se noue.<br />
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Mon expérience du syndrome de stress post-traumatique est alors une exacte reviviscence de la façon dont j'ai vécu le traumatisme d'être prostituée à l'époque. La fluctuation entre le détachement et la trop-présence reste là, alors que les circonstances extérieures de ma vie diffèrent. Je ne suis plus physiquement sujette aux abus que j'ai subis. Mais les cicatrices mentales restent, et ont un effet physique. Elles me handicapent comme elles le faisaient à l'époque, mais n'ont plus aucun but à présent. À l'époque, c'était ce que mon esprit et mon corps faisaient pour survivre. Maintenant, cela sert à m'isoler.<br />
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La confiance ne me vient pas facilement, et pour de bonnes raisons. Mais à présent j'en ai plus besoin que jamais. J'ai besoin d'être honnête et d'appeler à l'aide. Et j'ai besoin de beaucoup d'aide. Je doute que ce travail puisse être vite fait bien fait. Tant que je suis incapable d'ouvrir la bouche, je remercie Dieu d'être capable d'écrire. Sans cette soupape de sécurité, je serais comme j'étais à l'époque : complètement foutue.<br />Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-48053837849733978062011-11-26T14:01:00.000-08:002012-06-27T17:30:53.560-07:00La destruction m'appelle : viens par là...J'ai parfois un besoin irrésistible de littéralement me détruire, de me faire mal encore et encore, de me déchirer en lambeaux. Pour me punir. C'est comme si j'avais internalisé ce qu'ils m'ont dit : <i>tu le mérites, tu aimes ça, tu es faite pour ça - tu ne vaux rien ! Pouffiasse ! Sale cochonne ! Salope ! Pute ...</i> etc. Il y a une part de moi qui se sent horriblement sale et ravagée, sans espoir de réparation, ce qui rend toute tentative de changement incroyablement futile.<br />Mon thérapeute m'a dit un jour, en faisant face à un fléau tel que celui que tu as vécu, la plupart des gens choisissent une option entre les deux suivantes : détruire les autres, et donc perpétuer le mal, ou s'autodétruire. J'ai choisi la seconde, évidemment. Je croyais que la méchanceté, la haine et l'agressivité, et la perversité, qui appartenaient aux hommes qui m'ont utilisée, faisaient partie de moi. Il n'y avait aucune limite : rien ne m'appartenait, rien n'était sacré, il n'y avait rien qui ne puisse être piétiné et souillé. Leurs mots tournaient dans ma tête, leurs mains possédaient mon corps, leurs fluides corporels sur moi et en moi, ma souffrance leur orgasme. Ils me consommaient. Pas étonnant alors que j'aie pu être confuse sur ce qui était à eux et ce qui était à moi. Dégradation après dégradation, coup après coup, viol après viol. C'était toujours ma faute, de ma faute si j'étais frappée pour ne pas avoir coopéré, pour lui avoir fait honte, pour l'avoir mis en colère, ma faute si j'étais violée parce que je l'avais mérité, j'aimais ça, j'étais une salope de toute façon, je l'avais bien cherché.<br />
Ils m'ont dit que c'était de ma faute, et je les ai crus. Leurs voix étaient plus fortes, plus persistantes, plus cruelles, jouant sur mes peurs, sur mes doutes, que le petit murmure dans ma tête qui disait ce n'est pas normal, ce qu'ils font et disent n'est pas normal. Ils m'ont dit que j'étais sale et ça collait avec mon expérience : je me <i>sentais</i> sale, une collection de trous à baiser et dans lesquels et sur lesquels on éjacule. Ils m'ont dit que j'étais une moins que rien : je me <i>sentais </i>moins que rien, jetable, quand un homme après l'autre m'utilisait et ensuite me lâchait, une épave battue, pour me laver, pour me rendre décemment présentable pour la prochaine baise. Ils me disaient que j'aimais ça, et je pensais, non je n'aime pas ça, mais je me suis retrouvée à dire que j'aimais ça, me rendant complice, pour essayer de rester en sécurité, essayer d'éviter encore plus de violence.<br />
<br />
Parfois je me disais <i>je ne peux tout simplement pas en supporter plus</i>, plus de cris, plus de coups, plus de punition. <i>Tout sauf ça, je ferai n'importe quoi. </i>Et c'est ce que j'ai fait. La honte reste avec moi, l'auto-dénigrement reste avec moi. Pour survivre à ce qui se passait, je me disais que ça n'avait pas d'importance, que je n'avais pas d'importance, ce corps n'est pas vraiment moi. Incapable de m'éloigner de cette situation, juste pour survivre, j'ai fini par internaliser l'attitude de mes abuseurs, déniant mes propres sentiments et mes propres droits et ma propre humanité. Sachant que je pouvais mourir ici, mais incapable d'y changer quoi que ce soir, quand je m'en rapprochais, je me détachais de moi-même, et je me disais, <i>ainsi soit-il.</i> Tellement fatiguée, tellement fatiguée de la peur et de la souffrance et de l'horreur quotidienne d'être vendue.<br />
C'est un processus long et douloureux de me dire que j'<i>ai</i> de l'importance, que ce qui m'a été fait <i>a </i>de l'importance, et de vraiment le croire. Il reste une habitude en moi qui rend ça beaucoup plus facile de dire, particulièrement quand je suis fatiguée et en lutte et souffrante comme je le suis maintenant, <i>ça n'a pas d'importance : rien de tout ça n'a d'importance et surtout pas moi</i>, et je me fais mal à nouveau. Pour me détacher de ce corps, comme je le faisais alors, pour me séparer, pour en être débarrassée, pour en détruire la moindre parcelle, mais ce mal a laissé ses marques sur moi, sur Angel, en la forme de cicatrices et de mémoire corporelle, d'associations. Effacer le passé serait effacer le corps,<i> </i>m'effacer <i>moi</i>, me supprimer.<br />
<br />
J'en suis venue à comprendre, bien que cela ait pris du temps, et que cette pulsion de me faire souffrir, de me punir, reste forte, que c'est une émotion déplacée. Je ne<i> veux</i> pas effacer Angel, et je ne le devrais pas. Je veux juste ne plus me sentir sale, me sentir honteuse, me sentir minable. Je me sens toujours impuissante face à l'industrie du sexe. Mais je peux voir que ce n'est pas à moi de porter cette honte. Je peux voir que la saleté et la culpabilité et le blâme vont aux hommes qui m'ont utilisée et m'ont vendue. Pour autant, les sentiments, oh les sentiments... ils mettent un peu de temps à rattraper la raison. Tant que je continue de faire les bons choix - parler de tout ça, écrire sur tout ça - je n'ai pas besoin d'agir ces pulsions. Je ne me suis pas désintoxiquée pour me foutre en l'air d'une autre façon.<br />Vous savez ce qui a besoin d'être détruit ? L'industrie du sexe avec tous ses mensonges et ses abus. J'ai la pleine intention de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider ce processus.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-25433799293335264642011-11-21T22:21:00.000-08:002012-06-25T15:17:08.268-07:00Encore du pornoJe conduisais l'autre jour et j'ai entendu une émission de radio sur le VIH. Ca m'a fait penser aux pratiques de safe-sex et à la pornographie. Les acheteurs veulent voir le contact de peau à peau, des pénis dégainés, et du sperme - beaucoup de sperme. Le "bare-back" (sex sans préservatif) est la norme.<br />
<br />
Le sexe non protégé n'est pas sans risque. Mais les actes sexuels dans la pornographie servent tous à augmenter ce risque : sexe anal, sexe avec de multiples partenaires, actes sexuels brutaux (sexe oral inclus), ass-to-mouth, anal-vaginal, bukkake (sur le visage)... tout ce qui peut causer des déchirures augmente le risque de transmission de VIH et hépatites. À cause de l'agressivité d'une si grande partie de la pornographie, et de la pénétration prolongée, y compris avec des objets ou des poings, les risques de déchirures sont grandement augmentés. Les anciennes blessures, de la dernière fois, peuvent se rouvrir à nouveau quand on est utilisée à nouveau. Tellement douloureux (j'ai vécu ça), et à risque.<br />
<br />
Les prétendues "visites médicales" imposées dans certains milieux de l'industrie (largement pour apaiser la conscience du public) sont plus que risibles. On prescrit quotidiennement des antalgiques aux femmes dans la pornographie pour les "aider" à travailler, et bien plus utilisent l'alcool et les drogues pour engourdir la douleur. Le résultat c'est que même quand la femme <i>est</i> physiquement abîmée dans la fabrication de pornographie, elle est moins à même de le ressentir dans toute son intensité et donc d'arrêter et donc de se prévenir de plus de dégâts. Cela supposerait bien sûr qu'elle soit dans une position d'arrêter ce qui lui arrive, ce qui souvent n'est pas le cas. Même quand une femme n'est pas ouvertement sous la coupe d'un proxénète, il y a beaucoup d'autres moyens de la piéger à s'engager dans des actes sexuels qu'elle ne souhaite pas. L'alcool et les drogues affectent l'inhibition et la conscience, laissant la femme plus ouverte que jamais à la maltraitance. On peut lui dire que le contrat qu'elle a signé requiert qu'elle fasse certaines choses, ou son agent peut la pousser à performer des actes plus extrêmes pour la caméra (ça lui fait plus d'argent).<br />
Difficile d'imaginer une femme dans une scène de gang bang, entourée d'hommes, et probablement avec un pénis enfoncé dans sa gorge, comme étant en position de dire "stop, vous me faites mal". En effet, la peur et la souffrance visibles sur le visage des "actrices" porno sur bien des DVD attestent clairement que ce n'est pas le cas. Elle peut avoir désespérément besoin d'argent et donc être vulnérable à la pression quand on lui dit de faire plus de choses déplaisantes pour plus d'argent. Ou alors elle peut être tellement mentalement abîmée qu'elle ne voit aucune autre option pour elle, aucun moyen de s'en sortir.<br />
<br />
La pornographie utilise les femmes les plus vulnérables et elle se construit sur elles ravage après ravage, mental et physique. Des hauts-le-coeur en avalant des bites, couverte du sperme d'homme après homme dedans et dehors, couverte de bleus, boursouflée et saignant à l'entrejambe, gorge sèche, mâchoire douloureuse, et avec l'impression que ses entrailles vont se répandre, la pornstar, l' "actrice". Son anus, son vagin, sa bouche, ses seins et son corps sont offertes à la caméra, pour être utilisés et abusés sans scrupules. Et cette chose qui lui est faite pour la gratification d'hommes qu'elle n'a jamais rencontrés, on la qualifie d'empowerment, de libération, de divertissement inoffensif ! Les statistiques concernant l'alcoolisme, la toxicomanie, le suicide et le passé de maltraitances sexuelles racontent une histoire un peu différente - non pas que vous le sachiez : l'industrie, avec la collusion d'une société qui ne veut pas savoir, parvient à garder ces chiffres hors du débat. À la place, on se retrouve à bavarder sans aucun sens sur le "choix" et le "glamour".<br />
<br />
Et ainsi la pornographie normalise la pratique du sexe risqué, dans tous les sens du terme. Le client peut profiter de la photo, du film, un million de kilomètres à l'écart de l'odeur du sperme, de la crasse, sans la souffrance et la peur et le danger. Il rit quand elle reçoit du sperme dans les yeux - ce n'est pas lui qui se retrouvera avec une infection oculaire demain. Il a le frisson en regardant des filles subir une pénétration buccale après une pénétration anale : en sécurité de l'autre côté de la caméra il n'a pas à s'inquiéter des IST, il imagine l'humiliation, ça l'excite, mais il n'a aucune idée de ce que ça fait vraiment.<br />
<br />
Pendant qu'elle claudique jusque chez elle pour se frotter et se frotter et se frotter dans la douche, pour vérifier si elle saigne, pour évaluer les dégâts, pour se mettre une cuite et essayer d'oublier, il plie le magazine, éjecte le DVD et zappe dans sa tête, satisfait et sachant que son comportement est "normal", que c'est socialement acceptable - il ne fait de mal à personne.<br />
<br />
Il n'y a rien de sécuritaire pour les femmes dans la pornographie, ou pour celles qui sont poussées par leur partenaires à reproduire les pratiques douloureuses et risquées que la pornographie promeut. La pornographie considère les femmes comme jetables, littéralement : elle les baise, et ensuite elle passe à la prochaine "chatte fraîche". La pornographie est aussi partout - elle fait partie de la culture ambiante. Comment pouvons nous être assez aveugles pour rater l'énorme contradiction entre la promotion de pratiques sexuelles sécuritaires et la glorification du porno ? Les deux sont totalement incompatibles.<br />
<br />
Les mots "sécurité" et "pornographie" ne peuvent même pas appartenir à la même phrase. La pornographie détruit - le corps, l'esprit et l'âme. C'est un fait. Je travaille encore à défaire les dégâts qu'elle m'a faits.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-40274974806922859562011-11-14T05:46:00.000-08:002012-06-25T14:31:10.522-07:00A day in the life<br />
Imagine...<br />
<br />
Te réveiller à 4h du mat, tremblante, en sueur, pendant que l'alcool et les drogues quittent ton corps, et ne sachant même plus pour quoi prier. Tu es terrifiée, là dans la nuit, malade et toute seule, mais quand le matin arrivera ce sera encore le même manège, toujours la même chose, te faire baiser par des hommes et tu ne veux pas qu'on te touche mais tu as besoin d'argent pour boire et pour les drogues parce que tu n'arrives pas à t'en détacher, tu ne peux pas faire sans, elles vont main dans la main : l'addiction et la prostitution, l'auto-maltraitance et la maltraitance. Ton coeur accélère et devient fou, ton foie te lance, ton estomac te brûle, ton entrejambe est endolori à cause des hommes qui t'ont baisée aujourd'hui. Tu te sens complètement coincée et tu te hais et tu te retrouves au milieu de gens qui te détestent, qui te renvoient cette image.<br />
<br />
Tu pensais que tu ne valais rien, ton ex t'a dit que tu ne valais rien, et les clients te traitent comme une moins que rien, te disent que tu ne vaux rien, que tu aimes être maltraitée comme ça, ils chuchotent des fantasmes sordides, pervers, dans ton oreille, avant de les mettre en actes sur toi, et ils disent "ça te plairait, hein ?" et tu entends le son de ta propre voix, même si elle est lointaine et déconnectée comme si ce n'était pas vraiment toi en train de dire "oh oui bébé, ça me fait mouiller". Tu sens ce couteau se retourner dans ton flanc, tu es en train de te vendre, le moindre lambeau de respect de toi qui aurait pu te rester meurt quand ces mots quittent tes lèvres.<br />
<br />
Ton corps n'est pas le tien, tes mots ne sont pas les tiens, même ta souffrance n'est pas la tienne : parfois ils veulent savoir que tu n'aimes pas ça, ce qu'ils te font, ils veulent voir tes larmes, voir ta souffrance. Tu tentes de forcer les larmes mais elles ne viennent pas, tu n'es pas reliée, tu ne peux pas atteindre ce corps qui est le tien. Quelque part tu sais que tu seras plus en sécurité si tu pleures, si tu fais ce qu'ils disent, pour qu'ils finissent, jouissant sur ta souffrance, ton humiliation, pour qu'ils arrêtent. Les larmes ne viennent pas. Ils continuent de faire ce qu'ils font, ou quelque chose d'encore plus sadique, jusqu'à ce que tu t'évanouisses ou que tu les supplies de t'épargner, ils jouissent sur ta destruction finale. Ou alors tu te retrouves avec des larmes coulant le long de tes joues, incapable de les retenir, sentant l'incandescence de la honte et de la souffrance, et tu te sens trahie par ce corps qui est le tien, par toi-même. Tu n'as rien à quoi te raccrocher, rien ne t'appartient plus : leurs mains te touchent partout, à l'intérieur et à l'extérieur, ta bouche utilisée pour leur plaisir, chaque parcelle de toi utilisée pour leur plaisir, leur gratification, la cible à découvert de leurs fluides corporelles, de leurs fantasmes pervers et tordus, ta souffrance étant leur frisson. Ils te consomment, te consument.<br />
<br />
L'alcool aide, les drogues aident, ça t'engourdit, ça t'aide à t'échapper de ce qu'ils te font, de toi-même, mais cela te force aussi à rester ici, le besoin de les financer te force à rester, coincée dans ce cycle de maltraitance et d'auto-maltraitance, tu sais que tu es en train de te tuer, tu sais que tu vas peut-être être tuée, mais comment s'échapper de tout ça ? Cela semble impossible.<br />
<br />
Imagine.<br />
<br />
Tellement brisée que la simple idée d'oser espérer quelque chose de plus, <i>quoi que ce soit</i> de plus, semble terrifiante : tu vas souffrir, ça ne va pas marcher, mieux vaut endurer, mieux vaut oublier, mieux vaut baisser la tête et survivre. La normalité n'est qu'un mot pour toi, une quantité inconnue, mais cela désigne sûrement quelque chose d'autre, quelque chose de mieux, que ça.<br />
<br />
Imagine.<br />
<br />
Quand tu en sors, et tu fais partie des chanceuses, tout le monde n'y arrive pas, une des solitaires, le fossé entre toi et les autres autour, qui n'ont pas ton passé, est infranchissable. Chaque jour tu remercie Dieu d'être clean et sobre, chaque jour tu dois faire avec les conséquences de ce qui t'es arrivé, ce que c'est d'être prostituée, de se prostituer. Les mots te manquent, inarticulable, ce qui s'est passé, même pour toi-même, ton passé est une série d'images disjointes en technicolor, d'odeurs et de sons avec des trous noirs entre deux, la conséquence de l'alcool et des drogues et des coups à la tête, une non-narration embrouillée d'horreur, gravée dans ton crâne. Quand tu dors tu fais des cauchemars, quand tu te réveilles ils continuent : attaques de panique, reviviscences, déclenchées par l'incessant bruit de fond de l'industrie du sexe. Tous les films ont des scènes de sexe, toutes les pubs ont des femmes à moitié déshabillées, tous les kiosques à journaux ont du porno, des femmes à vendre partout, l'inégalité vendue comme égalité. Tu ne peux pas t'échapper.<br />
<br />
Imagine.<br />
<br />
Tu commences à rassembler ce qui s'est passé, à mettre des mots sur ce qui s'est passé, tout inadéquats qu'ils soient, des mots comme "proxénète", "viol", "viol collectif". Tu commences à réaliser que même les plus petites formes de maltraitance que tu as vécues sont indicibles, inacceptables, que ta vérité t'isole, que c'est trop à entendre pour la majorité des gens. Quand un viol collectif était un jour comme un autre pour toi, juste un autre jour à survivre, à supporter du mieux que tu peux, tu ne sais pas comment faire autrement. Traitée comme un animal tu deviens un animal pour survivre, et la honte te brûle, la culpabilité te brûle, la nausée de ce qui t'a été fait, ce que tu as fait pour faire face te ronge. Tu vis en sachant qu'il y a des images de toi là dehors, des images de cette maltraitance, des hommes qui se branlent dessus, qui se font de l'argent dessus, ta souffrance est leur frisson, leur profit.<br />
<br />
Tu te rends compte que tu es une des rares à savoir que la prostitution et la pornographie et le lapdance, c'est la même chose, vendre des femmes c'est toujours la même chose, il n'y a pas de limites, pas de distinctions. Ton ex t'a fait performer pour eux, t'a fait danser pour eux, t'a fait te déshabiller pour eux, t'a fait les divertir quoi que cela requière, et s'est fait de l'argent sur ta maltraitance. Les clients t'ont prise en photo, le dealer t'a filmée... Pas de distinctions, plus de limites à franchir, la moindre parcelle de ton humanité piétinée pour le pouvoir et le profit.<br />
<br />
Tu vis en étant aux premières loges pour savoir exactement ce dont les gens sont capables, et tu entends des gens tout autour de toi défendre la pornographie, défendre des hommes comme tes abuseurs, qualifiant des gens comme Maxx Hardcore de "révolutionnaire" et "inspiré", tu entends des gens mal informés dénonçant les femmes comme toi qui disent une vérité que personne ne veut entendre. Tu sais que ce n'est pas parce qu'elle sourit qu'elle aime ça, que ce n'est pas parce qu'elle dit "baise moi plus fort" qu'elle a envie d'être là, qu'elle est libre de choisir d'être là.<br />
<br />
Choix ?<br />
Divertissement innocent ?<br />
Empowerment ?<br />
Libération sexuelle ?<br />
<br />
Essaye plutôt :<br />
<br />
Absence de choix<br />
Désespoir<br />
Désespérance<br />
<i>Enfer</i><br />
<br />
Être une femme prostituée c'est être en enfer. Être une femme qui a quitté la prostitution c'est vivre en sachant cela, en sachant par où tu es passée, en vivant avec le trauma, et en étant écartée comme si tu étais une aberration, ou une cinglée. Les problèmes de santé mentale dont tu souffres à présent en conséquence de la maltraitance sont utilisés contre toi. Même ceux qui te croient t'ignorent en disant que tu as été exceptionnellement malchanceuse - "c'est pas comme ça pour la majorité des femmes dans le porno" ! Et tu as peur de parler de toute façon, tu n'as plus confiance de toute façon, tu as peur d'être seule avec ton mental mais tu as peur de laisser les autres t'approcher au cas où ils te fassent souffrir encore, te baisent encore.<br />
<br />
Tu te sens accablée, invalidée. Tu as peur et tu te sens seule, balafrée et brisée, et perdue. Douloureusement perdue.<br />
<br />
Imagine cela et tu auras une petite idée de ce que c'est d'être moi, d'être une femme prostituée, une survivante. Prends connaissance et prends acte, pour aider un peu, changer un peu les choses, peut-être ne pas rire avec les autres quand quelqu'un fait une blague sur la pornographie, peut-être ne pas se joindre au consensus quand les hommes disent de l'industrie du sexe que "bah, les mecs sont des mecs". Peut-être se tenir debout à côté de moi, à côté de nous, rendre cela un peu moins solitaire.<br />
<br />
La seule chose nécessaire pour le triomphe du mal, c'est que les gens bien ne fassent rien.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-73106209715748920872011-11-12T14:53:00.000-08:002012-06-09T03:50:10.288-07:00Les joies du syndrome de stress post-traumatiqueJe pourrais m'asseoir et écrire de millions de façons différentes pourquoi la prostitution et la pornographie sont si profondément destructrices, et sont donc des maux très graves à surpasser. Mais en réalité, là, maintenant, je suis juste beaucoup trop brisée pour faire quoi que ce soit qui requière un tel effort mental et d'articulation.<br />
<br />
Je suis au-delà de la fatigue.<br />
<br />
Fracassée<br />
Épuisée<br />
Les os fatigués<br />
<br />
La cause ? Mon SSPT est repassé à la vitesse supérieure. Je suis tout simplement engloutie dans la reviviscence du traumatisme du passé. C'est comme si j'y étais submergée, et maintenant il n'y a plus moyen de sortir ma tête de l'eau.<br />
<br />
Tellement d'images qui courent dans ma tête ! Mon corps se tend et tremble, vomit et souffre : migraine, maux d'estomac, mal aux muscles, douleurs aux vieilles blessures. Quand je dors, j'ai des cauchemars, et quand je me réveille, je tombe dans une attaque de panique. Mon coeur bat plus vite, j'ai du mal à ouvrir la bouche pour manger.<br />
<br />
En thérapie j'ai commencé à faire des incursions dans le récit de choses parmi les pires qui me sont arrivées, ce que je sais être nécessaire : tout ça me ronge comme un cancer et au mieux, fait barrage entre moi et une vie heureuse. Au pire, ça risque de me foutre complètement en l'air : parfois c'est tellement insupportable à vivre qu'il me semble que ce serait mieux si je n'étais pas là.<br />
<br />
J'ai encore ce vieux besoin de me faire du mal. Quand je suis dissociée, parfois je me sens comme si j'étais coincée en dehors de mon corps sans pouvoir y retourner, ce qui m'effraie. Tout semble irréel, à commencer par moi. À ces moments, la pensée de l'automutilation se suggère comme un moyen de retourner à l'intérieur de moi-même : je <i>suis</i> réelle, je peux sentir la douleur, je saigne. À d'autres moments, quand la souffrance mentale atteint un tel niveau que je sens que je ne peux plus le supporter, pas une seconde de plus, l'automutilation se suggère comme un moyen de me détacher : sentir la tension s'écouler avec le sang dans l'évier, sentir le calme, la distance, m'inonder.<br />
<br />
Je suis soit trop détachée, soit trop dans mon corps. J'ai peur de moi-même, d'être seule avec ma tête, et j'ai peur des autres gens parce que je ne veux plus souffrir. Je ne fais confiance à personne.<br />
<br />
J'ai besoin de parler aux gens, de leur dire ce qui se passe dans ma tête, <i>précisément</i>. Je suis très forte en généralisations : "je ne me sens pas très bien", "prise de tête", "mauvais souvenirs"... Des mots qui veulent dire quelque chose mais qui ne veulent rien dire. Je suppose que je suis à nouveau de retour à cet endroit crucial où il faut oser dire <i>exactement</i> ce dont je me souviens et ce que je revis. Cela me semble représenter un énorme pouvoir à donner à quelqu'un, même quelqu'un à qui je fais confiance. Par le passé ma survie a dépendu de ma capacité à plaire aux autres, à ne pas faire de vagues, à passer les maltraitances sous silence. M'entendre parler de ce qu'il y a dans ma tête ne va pas être facile, et la moindre réaction négative, ou potentielle réaction négative, perçue ou réelle, de la personne à qui je parle, déclenche une peur massive, que je ressens physiquement et mentalement. Je n'aime pas l'idée de transmettre les images dans ma tête, qui me remplissent de honte et me rendent malade, dans la tête de quelqu'un d'autre.<br />
<br />
Alors je suis épuisée. Je revis certains des moments les plus horribles de ma vie. Mon thérapeute a dit, vous avez été torturée. J'<i>ai été</i>, mais j'ai l'impression d'être encore torturée et je suppose avec réalisme que ça ne va pas passer rapidement. On commence tout juste à essayer d'examiner tout ça. Je suppose que je dois continuer à m'accrocher. La fatigue et la tristesse font partie de cet aller de l'avant. Mais la souffrance ? Ce que ces choses me font ressentir ? Cela défie toute description.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-75449106736143230712011-11-11T01:24:00.000-08:002012-05-30T10:04:32.569-07:00La logique de l'illogismeNous vivons dans un système plein de tensions et complètement illogique. Nous vivons dans un pays dans lequel le viol est illégal mais où la pornographie qui montre des actes de plus en plus agressifs et douloureux envers des femmes devient de plus en plus courante, dans laquelle non veut dire oui et même où une femme ne sait pas qu'elle veut du sexe, mais elle apprend à l'aimer et à en jouir quand elle se fait baiser. Nous vivons dans une société où la maltraitance est illégale mais où la pornographie qui montre des femmes qui sont giflées, sur lesquelles on crache, qu'on force à avaler profondément des pénis d'acteurs mâles au point de les faire pleurer et avoir des haut-le-coeur, est normale.<br />
<br />
Donc la violence dans la pornographie est permise, la coercition dans la pornographie est permise - rappelez vous que ce n'est que du fantasme, sauf que ce fantasme est réalisé sur les corps des femmes utilisées dans la pornographie. Être pénétrée et se faire éjaculer dessus n'est pas un fantasme pour ces femmes - c'est la réalité. Je le sais - j'y étais. Tout ça est douloureusement réel pour moi. Quand le client, l'acheteur, après avoir joui, éteint le lecteur DVD, ferme le magazine, fait un changement de chaîne mental, peut-elle en faire autant, la femme sur les photos peut-elle en faire autant ? La caméra arrête de tourner et elle se redresse, se lave, le sperme sur son visage et son corps, en elle, elle vérifie les plaies à son anus, son vagin, sa gorge. Elle a de grands risques d'avoir des infections sexuellement transmissibles, l'hépatite B, le VIH. Elle claudique jusqu'à la douche, boursouflée et contusionnée, puis elle retourne à sa vie chez elle, telle qu'elle est, sachant que les images d'elle se faisant maltraiter, se faisant baiser, se faisant humilier, vont maintenant aider l'homme qui l'a vendue à un homme très riche, que des types se branleront sur ces images, en riront, qu'elle continuera à être consommée par un homme après l'autre, même après que l'assaut initial soit fini. L'alcool aide, la drogue aide : ça rend tout ça un peu plus distant, ça rend la douleur un peu moins réelle. Ca aide à prétendre que ce qui arrive n'a pas d'importance, qu'elle n'a pas d'importance, que rien n'a d'importance sauf la prochaine boisson ou la prochaine drogue.<br />
<br />
Elle commence à avoir l'impression que son corps n'est pas le sien. Incapable de se retirer physiquement de cette maltraitance, se retirer dans son corps, dans sa tête, n'est pas suffisant. Les hommes la suivent à l'intérieur. Elle se sépare de ça, elle regarde de loin tout en le vivant, elle est là mais pas là. Ce corps n'est pas le mien. "Ne montre pas que tu as mal ne montre pas que tu as mal" (ou ils te feront encore plus mal - ça les fait jouir) se transforme en un sourd "je ne sens rien de toute façon, rien ne me touche, rien ne m'atteint". Tu peux me tabasser et me baiser et te moquer de moi mais je ne suis plus là, tu ne fais que toucher un corps, crier sur un corps, te moquer d'un corps. Je ne ressens pas de connexion. Ca oscille : peur et engourdissement, douleur extrême et détachement total, dans le corps hors du corps. Le nom auquel ils destinent cette maltraitance me semblait être mon nom, était le mien, mais il ne l'est plus. Il se réfère à la coquille, au corps. Ils ne savent pas que je suis partie. Ils ne peuvent pas me faire mal, ils ne connaissent pas mon vrai nom, mon être réel, mon essence réelle.<br />
<br />
Retourner dans le corps, mon corps, rassembler les fragments brisés, c'est lent, tellement lent, et douloureux au-delà de toute mesure. L'illogisme d'une société qui approuve la pornographie comme "normale" mais clame avoir une justice pour les victimes de viol, les victimes de violence conjugale, des actes que l'on voit en miroir en permanence dans la pornographie où ils sont traités non seulement comme autorisés mais comme sans danger et même amusants, rend le processus quasiment impossible. Comment puis-je vivre dans cette société ? Comment pourrais-je avoir une place ici, être validée ici, être affirmée et supportée, écoutée et respectée, avec mon passé, mon présent ? Les images de la maltraitance continuent d'être là, des gens continuent à se branler dessus et à en rire. Et des gens qui n'ont pas la moindre expérience de ce que cela signifie d'être vendue, d'être violée devant une caméra, parfois par un homme et parfois par beaucoup, pour leur divertissement, me disent que ce n'était peut-être pas si grave. La porno n'est pas si grave.<br />
<br />
Tu as mal compris, Angel. La pornographie c'est juste de quoi s'amuser sans danger, les femmes choisissent de prendre le pouvoir et de célébrer leur sexualité et leur corps en faisant de la pornographie, elles sont payées pour une partie de jambes en l'air et tout le monde est gagnant.<br />
<br />
Faux faux faux. Tout le monde est perdant dans la pornographie. Quand j'ai été vendue, j'ai tout perdu : mon corps était utilisé de façons qui me faisaient mal au point de perdre conscience et de vomir devant les hommes autour de moi, les images de ces abus continuent d'être utilisées maintenant par des hommes qui ne me connaissent pas, bien qu'ils croient me connaître. Avez-vous déjà lu les commentaires dans les magazines porno et sur les DVD ? "Cette petite pute l'a bien cherché et ne demandait qu'à se faire remplir tous les trous"... "Cette chatte en a pris plus qu'elle ne l'espérait pour son premier gang bang, y compris subir sa première double pénétration et elle a adoré ça"... L'expérience était avilissante, les images sont avilissantes et le résultat final c'est que c'est décrit comme étant exactement ce qu'elle voulait et méritait.<br />
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Vu à quel point la pornographie est devenue courante, et à quel point elle devient de plus en plus agressive, il n'est pas étonnant que le public ait si souvent l'impression que les victimes de viol sont à blâmer. Nous enseignons à la prochaine génération que les femmes veulent être traitées comme des objets sexuels, que nous le demandons, que non ne veut pas vraiment dire non et qu'on l'a bien cherché. Suivez ce schéma de pensée jusqu'à sa conclusion logique et il devient clair que nous vivons dans une culture du viol. Le nier serait illogique.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-62874515985230401122011-10-29T14:39:00.000-07:002012-05-24T12:41:33.962-07:00La foire aux monstresDans Pretty Woman, il y avait Richard Gere. Malheureusement, notre cher Richard n'est pas représentatif des hommes qui achètent des femmes, que ce soit en termes d'apparence ou de comportement.<br />
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Il y a une raison pour laquelle les hommes qui achètent des femmes le font.<br />
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Laissez-moi vous peindre une image plus exacte, même si moins belle. Les clients sont là pour une raison, et si vous pensez que cette raison a quoi que ce soit à voir avec l'amour des femmes ou une simple transaction financière, vous avez tort. Regardons les clients de plus près.<br />
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Le misogyne. Cet homme a une histoire personnelle qui l'a mené à haïr les femmes. Cela peut ressembler à quelque chose comme ça : sa mère l'a maltraité quand il était enfant. Ou il pense qu'une petite amie / collègue de travail l'a humilié. Ou il a une patronne qu'il ne peut pas supporter. Ou il ne peut pas avoir les femmes qu'il mérite. L'histoire peur varier mais le résultat est le même : il veut donner une leçon aux femmes. Il veut que les femmes, cette femme, n'importe quelle femme, cette femme qu'il achète, ressente de la souffrance comme il croit que les femmes dans sa vie l'ont fait souffrir. Peu importe que ce soit une autre femme. Le fait est que la prostituée est disponible pour lui comme un moyen d'exprimer sa haine et son agressivité d'une façon que la ou les femmes qu'il voudrait avoir ne permettent pas. Il ne peut pas avoir de relation avec une femme à cause de la façon dont il les traite. Le fait est, et il le sait trop bien, qu'avec une prostituée, il n'y a pas de conséquences. S'il la frappe, s'il la viole, s'il l'étrangle à moitié, s'il menace de la tuer, rien ne lui arrivera à lui. Aucune sirène de police ne viendra le chercher. C'est ce pour quoi elle est là, non ? Un exutoire pour la rage. Il lui donne de l'argent, ou peut-être qu'il ne paie même pas et l'utilise et la laisse en sang dans la rue pour lui faire un dernier affront (Elle devrait s'estimer heureuse d'être en vie. Pouffiasse.).<br />
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Ensuite il y a l'homme conventionnellement laid. Il ne peut pas avoir de relation avec une femme à cause de son apparence ou de son manque d'hygiène. Pour lui, la prostituée est la femme qui ne peut pas dire non. Une perspective attirante ? Peut-être pas. Est-ce que c'était agréable ? NON ! Mais je vais faire semblant parce que je le dois.<br />
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Le suivant est l'accro au porno. Il peut être, ou non, en relation avec une femme. Il peut même être marié. Le fait est qu'il veut essayer quelques uns des actes les plus extrêmes qu'il a vus dans la pornographie, ce que sa partenaire ne veut pas faire ou alors il n'ose pas lui demander peut-être parce que quelque part au fond il sait que ce n'est pas quelque chose que les femmes qui <i>ont le choix</i> choisissent de faire. Ca peut être de la sodomie, prendre des photos pornographiques sur son téléphone, deux filles, doubles pénétrations, fisting... bref vous voyez. Guidé par sa fascination pornographique, il divise les femmes en deux groupes : les madones et les putains. Il sort avec les madones, mais il pense que c'est son droit d'explorer d'autres pratiques sexuelles que la pornographie lui a montrées et il sait que pour les trucs plus désagréables, les prostituées sont la seule option.<br />
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Finalement, il y a le client qui <i>peut</i>, tout simplement. Il aime payer des femmes pour qu'elles couchent avec lui juste parce qu'il peut - c'est un shot de pouvoir pour lui. Il peut avoir des femmes, il n'est pas forcément laid, mais il jouit en sachant que s'il donne de l'argent à une prostituée, elle ne peut pas dire non. Il peut faire tout ce qu'il veut avec la prostituée et ensuite aller chercher sa petite amie et l'emmener dîner dans un restaurant cher, tout en souriant en pensant à ce qu'il vient de faire. Pour lui c'est un frisson.<br />
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En clair, les clients sont un groupe d'hommes qui n'ont aucune responsabilité. Ils veulent utiliser et maltraiter de la manière qu'ils veulent pour avoir leur orgasme, sans la moindre pensée humaine pour la femme qu'ils ont utilisée. La prostituée est au fond de la décharge, sujet de haine et de peur, objet de fable et de folklore. Elle est baisée, jetée et moquée. Le client a tout le pouvoir et il le sait. Qu'elle ait désespérément besoin d'argent est une évidence : c'est sa raison d'être là. S'il la viole et la bat et la laisse moitié morte, la loi ne viendra pas le chercher parce qu'en tant que prostituée, elle n'a aucun recours légal. Il est en sécurité sachant que même si elle essayait de parler, sa voix serait rejetée comme non crédible, hystérique, extrême. En fait, plus il la fait souffrir, moins elle a de chances d'être crue. Ca ne peut pas avoir été <i>si </i>affreux.<br />
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J'écris ceci de mon expérience des clients pendant que j'était une escort et dans un bordel. Les hommes variaient mais pas leurs raisons, pas leurs comportements. Être sous la coupe d'un proxénète était encore pire.<br />
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Richard Gere ? Pas le moindre espoir en enfer.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-11505522854657620322011-10-18T15:08:00.000-07:002012-05-24T11:27:25.836-07:00Contradictions et cons tout courtUn petit texte rapide sur un autre article que j'ai trouvé ce mois-ci sur le site du Guardian. Cet article faisait référence à Anna Arrowsmith en tant que pornographe "féministe". Je suis désolée, mais un-e pornographe féministe, ça n'existe pas. Reformulons cela : une féministe qui maltraite les femmes. Vous voyez ce que je veux dire ? Ca ne marche pas. C'est comme dire un croyant athée, ou un rond carré.<br />
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C'est une contradiction.<br />
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La pornographie naturalise la soumission des femmes - elle les traite comme moins qu'humaines, et comme réclamant à être traitées comme moins qu'humaines. Les hommes y sont des agresseurs : ils prennent, baisent, dominent et éjaculent dessus ou dedans pour montrer qu'ils en sont propriétaires, comme un chat pisserait pour marquer son territoire. Les efforts féministes pour avancer vers l'égalité des sexes, pour que les hommes et les femmes soient traités humainement comme des êtres humains, vont à l'encontre de ces maltraitances.<br />
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Pornographe féministe ? C'est un truc de cons.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-49942604756240863462011-10-14T10:28:00.000-07:002012-04-14T02:07:07.512-07:00Anna Arrowsmith : tellement ouverte d'esprit que mon cerveau vient de tomberMon attention a été attirée par un article du Guardian en ligne expliquant que la pornographie est bonne pour la société. Dedans, l'auteure (une femme) argumente en disant qu'il n'y a aucune preuve que la pornographie ait des effets délétères. J'ai laissé mes "deux cents" dans la section des commentaires pour ce que ça vaut, avec un peu d'appréhension (les défenseurs de la pornographie ont beau clamer être en faveur de la liberté d'expression, mais dans mon expérience ils ne reculent jamais pour dire à quelqu'un qui n'est pas d'accord avec eux de fermer sa grande gueule - prude ! conservateur ! bien-pensant ! vache frigide... bref vous m'aurez comprise). Je me prépare à un retour de bâton.<br />
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Que l'auteure, Anna Arrowsmith, une directrice de films porno, puisse être légèrement biaisée en faveur de la pornographie est difficile à contester. Qu'elle pose des affirmations radicales, comme des vérités, sur l'innocence de la pornographie, c'est un peu plus dur à avaler. Et en tant que survivante de la prostitution et de la pornographie, j'ai du avaler un bon paquet !<br />
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Evidemment, en lisant les commentaires, son point de vue est très populaire. Les hommes et les femmes qui jouissent en utilisant de la porno, sans trop réfléchir aux conséquences au-delà de leur orgasme, ne vont probablement remercier quelqu'un qui attire l'attention sur les dégâts que fait la pornographie. Mince, ça pourrait émousser les choses ou même les faire se sentir un peu mal, et la pornographie c'est fait pour se sentir bien après tout, non ? Rire un peu, jouir un bon coup, pas trop sérieux, tout va bien.<br />
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Comme si.<br />
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La pornographie fait des dégâts. C'est un fait. Dedans, les femmes sont des objets sexuels, un set d'orifices à acheter pour se branler puis à jeter. Les hommes qui s'y opposent sont vu comme "pas des vrais hommes", les femmes qui s'y opposent comme prudes ou jalouses. Ou anti-sexe. Dieu, ça me fait rire, ouais, évidemment, je suis contre la vente et la maltraitance de femmes pour faire des tonnes de fric pour une industrie qui les jette ensuite avec leurs problèmes de santé mentale et physique, donc je dois être une ennemie de l'empowerment sexuel et du sexe.<br />
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!!!<br />
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Les arguments mis en avant par l'industrie du sexe sont clairsemés et maigrichons, quand ils sont vus pour ce qu'ils sont. Une fois qu'on écarte la peur d'être insultés pour ne pas avoir supporté une industrie qui détruit les femmes, on peut commencer à parler. Mais plus que ça, on peut désigner quelques faits qui sont difficiles à contredire, contrairement aux doux rêves d'Anna Arrowsmith. L'argument mis en avant par l'industrie n'est que du vent, un énorme ventilateur là pour protéger un maximum de profit pour les business men derrière elle. L'industrie du sexe n'a aucune envie de promouvoir une vision saine et variée de la sexualité, elle a envie d'argent ! Elle est menée par le profit. Les proxénètes ne s'intéressent pas aux corps des femmes, ils s'intéressent aux nouveaux marchés de niche, toujours plus extrêmes. Double pénétration ? Double anale ? Fisting ? Tout ça fait mal. Mais ça fait surtout de l'argent, ça repousse les limites, ça a une longueur d'avance. La pornographie ce n'est pas la liberté d'expression : depuis quand un vagin ou un anus a une voix ? C'est l'exact opposé, un bâillon sur les voix des femmes qu'elle utilise et qu'elle fait souffrir. Elles ne peuvent pas dire : ça fait mal ! Elles doivent dire : j'aime ça, j'ai choisi d'être là, c'est si bon, baise moi plus fort, ou alors elles ne sont pas payées ou elles sont frappées par les proxénètes invisibles cachés dans la pornographie de l'autre côté de la lentille.<br />
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Je le sais : j'y étais. Les mots que je disais n'étaient pas mes mots, c'étaient les mots de mon ex, de l'homme qui me frappait et me violait et me vendait pour que d'autres hommes me photographient et me filment et me frappent et me viole. Être forcée à dire que j'adorais être abusée, que j'en voulais plus, a failli me tuer, et je ne parle pas au sens figuré. J'ai voulu mourir même depuis que j'en suis sortie.<br />
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Les femmes ne rentrent pas dans l'industrie du sexe parce qu'elles sont heureuses et bien dans leur peau. On arrive là-bas à cause de problèmes de santé mentale, de problèmes de drogue, de violence, d'abus vécus dans le passé... du désespoir. Et une fois que tu es dedans, c'est la descente aux enfers. Le traumatisme d'être vendue, d'être utilisée comme un pur divertissement, d'être maltraitée, d'être moquée et frappée et baisée et d'entendre qu'on l'a mérité, ça reste avec toi. Si tu es assez chanceuse pour t'en sortir, et ce n'est pas le cas de tout le monde, tu es laissée tellement abîmée, tellement scarifiée, que tu as le sentiment de ne pas avoir ta place dans le monde. Tu as l'impression que ta place était là-bas, même si tu détestes ça, que tu en es terrifiée. C'est le seul endroit où ils accueilleront une folle comme toi. Où que tu ailles, ils te disent que la prostitution n'est qu'un job, que la pornographie ne fait de mal à personne, ils refusent de t'entendre, ils te jugent (après tout tu as des problèmes de santé mentale maintenant, on écarte facilement tes discours, et puis avec ce passé de toxicomanie, d'autodestruction...) et ils vous disent de partir. Même les soi-disant professionnels de santé mentale ne veulent pas entendre ton histoire.<br />
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Muette avant, muette maintenant. Jetable avant, jetable maintenant.<br />
Parce que, comme l'article d'Anna Arrowsmith et la majorité des commentaires en dessous le montrent, la plupart des gens ne veulent pas écouter, ne veulent pas entendre l'insupportable vérité. La société demande que les individus puissent utiliser une femme, acheter une femme, se branler sur une femme et ensuite la replier pour la ranger dans le tiroir de la table de nuit, avec une boîte de mouchoirs et une conscience sans tache. Cet état de choses continuera tant qu'il y aura une peur de parler. Personne n'aime être insulté. Pour ma part, quand j'entends les défenseurs de la pornographie dire que les gens qui sont anti-porno sont fermés d'esprit, je dis : on a le droit de dire que certaines choses font des dégâts. La porno fait des dégâts. Nous devons poser une limite quelque part. Ou alors nous allons continuer à vivre dans une situation où nous sommes tellement ouverts d'esprit que nos cerveaux en tombent.<br />Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-49318166151303656102011-10-11T23:53:00.000-07:002012-03-27T16:17:00.347-07:00Pas encore noyéeQuand la colère disparaît il reste un océan de tristesse. En vérité, j'ai fait de grands efforts pour éviter cette tristesse : je ne regarde pas de films tristes et ne lis pas de livres tristes, si je sens venir la fin de l'histoire je vais changer de chaîne, je n'écoute pas de musique classique. Je n'aime même pas les dernières saisons de séries : c'est bientôt la fin ! La rudesse de la tristesse, ma tristesse, sa profondeur et sa largeur sont immenses.<br />
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J'ai peur de m'y noyer.<br />
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Elle semble impossible à contenir, impossible à gérer, et ça me terrifie. Il est bien mieux, bien plus sûr, d'être en colère à la place. Evidemment, le problème est que pour rester clean et sobre, et pour essayer d'aller de l'avant, cette tristesse va devoir être examinée, vécue, et dite et pleurée. Comment la relâcher doucement, plutôt que de couler dans le déluge, là est la question.<br />
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Tout s'entremêle. Une chose en déclenche une autre : la mort de mes parents, l'horreur de l'addiction et de l'alcoolisme, le glissement insidieux dans la violence domestique, être prostituée, la violence du proxénétisme, le traumatisme et la fuite et la chute dans ma propre prostitution et la violence que j'y ai rencontrée.<br />
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Pour survivre, juste pour avancer, je me suis dit : je n'ai pas d'importance, ce qui se passe là n'a pas d'importance, rien ne me touche, ces gens et cette situation n'ont pas d'importance et moi je n'ai pas d'importance non plus. Maintenant que j'en suis sortie je dois résister à cette pensée. En réalité, quand je suis redevenue sobre, c'était parce qu'il y avait une partie de moi, une minuscule flamme qui a été assez forte pour dire alors que j'étais au plus mal : assez ! <b>Je </b><i style="font-weight: bold;">vaux le coup</i><b> d'être sauvée.</b><i style="font-weight: bold;"> </i>Je dois arrêter ou mourir ici, seule et terrifiée, juste une autre prostituée toxicomane de moins, juste une autre statistique.<br />
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Mais suivre cette nouvelle perspective magique sur moi jusqu'à sa conclusion logique continue d'être douloureux. Si j'ai de l'importance, alors ce qui m'a été fait a de l'importance, je ne peux plus grogner et dire que ces enfoirés ne peuvent pas m'atteindre, qu'ils ne me feront jamais souffrir. Le fait est qu'ils m'<i>ont</i> atteinte. Et qu'ils m'<i>ont </i>fait souffrir, incommensurablement. J'ai survécu à ça au mieux que j'ai pu en déniant mes ressentis mes ces émotions se mettent en rang pour être entendues, pour être ressenties et prises en compte et acceptées.<br />
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Je suppose que quand tu as poussé tellement de choses sous le tapis que c'en est devenu une montagne avec un tapis perché au sommet, il est temps de le soulever et de nettoyer un peu tout ça !<br />
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Effrayant mais nécessaire. La colère, canalisée positivement, est un grand conducteur dans ma vie, et je ne suis pas prête à lâcher ça. Mais je suis à ce point de départ avec la tristesse, avec l'honnêteté d'admettre que je souffre, et d'en laisser paraître un peu. D'être vulnérable. Aucun humain peut passer à travers toute cette merde et en sortir indemne. Je suis juste humaine. C'est une foutue souffrance. Mais je ne veux pas recommencer à boire ou à me droguer, et je veux trouver un peu de paix. Quoi qu'il en coûte, je dois avancer parce que retourner en arrière n'est tout simplement pas une option.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-58911839656604560252011-10-07T12:25:00.000-07:002012-03-07T15:56:32.238-08:00"Unwatchable", ou le voyeurisme hors de contrôleJ'ai entendu parler de la tempête que le film "Unwatchable" a déclenché quand mon thérapeute m'en a parlé. Inutile de dire que je ne souhaite aucunement regarder la reproduction du viol collectif d'une femme et de la violence hideuse exercée envers sa famille, montrés dans le but de faire parler des abus qui ont lieu dans le milieu de l'industrie du téléphone portable au Congo.<br />
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Ce n'est pas du tout parce que je pense que tout ça ne devrait pas être rendu public, et dénoncé et combattu. Je crois passionnément que là où il y a de la violence et de l'injustice, la vérité doit être dite et amenée à l'attention des gens, peu importe à quel point elle est insupportable. Ici en Occident, on reste trop souvent assis confortablement sur nos fesses complaisantes, à penser que tant que la vie est belle pour moi, alors je ne suis pas très intéressé par ce qui arrive aux autres. Nous vivons dans une culture du "moi". Même quand les choses qui nous procurent du plaisir apportent de la souffrance aux autres (la pornographie étant le principal exemple dont je parle ici dans mes articles), nous préférons une bonne vieille approche de l'autruche. Il faut qu'on nous mette mal à l'aise ! C'est seulement si je suis mal à l'aise que je vais me bouger de mon fauteuil et agir.<br />
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Mais pour attirer l'attention sur le viol et la torture, il n'est pas nécessaire de les reproduire. Tout ça me semble faire partie du même bon vieux schéma : les gens sont désensibilisés à la souffrance et à la violence, alors plutôt que de trouver des moyens plus créatifs d'exprimer la destruction engendrée par viol et la violence, on les montre simplement de façons encore plus graphiques. Et alors la barrière du "facteur choc" est repoussée de plus en plus loin et les images sur nos écrans deviennent de plus en plus sordides.<br />
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La vérité c'est que le viol est sordide. C'est destructeur, c'est blessant, c'est la perte fondamentale de quelque chose d'irrécupérable : soi-même. En tant que survivante de viols et de viols collectifs, je me sens perdue même pour moi-même, déconnectée, séparée de mon corps, trahie par lui. Incapable d'empêcher ce qui lui arrivait, je me retirais mentalement, je me dissociais. Mon corps restait, mais moi pas : j'étais là mais pas là, présente mais absente. Les viols et les violences sont restés une partie de moi, encore aujourd'hui : ils étaient ma réalité, c'était ma vie en tant que femme prostituée, accro à la boisson et aux drogues. Et il n'y a pas moyen de s'éloigner rapidement de tout ça. Tout le monde aime les happy end, ah comme on les aime ! Elle s'est enfuie, elle s'est désintoxiquée et elle vit maintenant une vie heureuse. Fin ! On peut passer à quelque chose d'autre avec la conscience tranquille.<br />
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Pas vraiment. Pas dans mon expérience, en tout cas. Guérir d'un traumatisme demande du temps et de l'aide, et guérir d'un traumatisme sévère demande beaucoup de temps et beaucoup d'aide.<br />
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Ce qui a été produit est une vidéo rapide, sensationnaliste, de violence sexuelle graphique (à même de déclencher des flash-backs pour les survivant-e-s de viol), une de plus dans la pile grandissante de matériaux sexuellement graphiques qui nous ressortent déjà par les oreilles. Cela a déclenché une réponse instantanée du type "horreur-choc-voici-à-quoi-ressemble-un-viol-collectif" qui va probablement très vite retomber comme un soufflé (nous verrons si le battage que ça a créé ira au-delà de la discussion à propos de la vidéo, pour aller vers une réelle action à long terme et des groupes de pression). N'est-ce pas toujours le même schéma avec les images choc ? Choqués, puis un peu moins choqués, puis on oublie comme d'autres images encore plus choquantes arrivent. J'ai vu une vidéo et j'ai été outré et j'en ai parlé, peut-être ai-je même signé une pétition, donc maintenant je peux m'en laver les mains et oublier... N'aurait-il pas été plus efficace d'attirer l'attention sur les dégâts psychologiques du viol ? Une conversation plus élargie que la tactique du choc visuel n'aurait-elle pas eu plus un impact durable, en faisant réfléchir les gens, déclenchant des discussions franches et utiles et de l'action, plutôt qu'une réponse réflexe ?<br />
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<b>Pourquoi sommes-nous encore obsédés par le fait de <i>regarder</i> une femme être violée, plutôt que de parler à une victime de viol et entendre sa voix ? Pourquoi l'emphase est-elle toujours mise sur le corps nu et impuissant d'une femme, plutôt que sur la femme tout entière ?</b><br />
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<i>Est-ce que ça ne serait pas un changement rafraîchissant de </i>cesser <i>d'</i><i>être des voyeurs ?</i><br />
<i><br /></i><br />
Dans une société saturée par la pornographie hardcore, dans laquelle les femmes subissent de la violence de façon routinière, dans laquelle les clubs de lapdance où les femmes sont objétisées et achetées tous les jours sont considérés comme des plaisirs inoffensifs, où le strip-tease et la pornographie sont considérés comme des sources de pouvoir pour les femmes, en réalité <i>rien </i>n'est inregardable. Etant donné l'obsession de notre société avec l'objétisation du corps des femmes, une approche plus utile et plus inhabituelle aurait été d'entendre réellement la voix de la femme, sans s'attarder sur son image à la caméra, figée dans le temps, alors qu'elle est violée. Si les gens sont mal à l'aise vis à vis de ce film (et ils le devraient : ici je discute le fait qu'il y avait un meilleur moyen d'alerter sur ce problème, pas que ce problème ne devrait pas être discuté), peut-être devrions nous leur demander non pas pourquoi ils sont affligés par les réalités de ce qui se passe au Congo, mais plutôt <b><i>pourquoi ils ne sont pas affligés par les réalités de ce qui se passe ici et maintenant, dans notre propre pays</i>.</b><br />
<b><br /></b><br />
Une femme sur quatre sera victime de violences conjugales.<br />
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Chaque semaine, deux femmes au Royaume-Uni sont tuées par leur partenaire ou leur ex-partenaire.<br />
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Les taux de viol en font toujours une menace pour toutes les femmes.<br />
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Le taux de condamnation pour viol stagne à 13%.<br />
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<i>Les sondages continuent de montrer que la majorité des gens, hommes et femmes, pensent que la victime de viol a un certain degré de responsabilité dans le fait d'avoir subi ce viol.</i><br />
<i><br /></i><br />
Notre culture est une culture du viol, c'est à dire, une culture dans laquelle les femmes restent inférieures, dans laquelle la pornographie de plus en plus hardcore devient de plus en plus dominante, et où on estime que c'est <i>une bonne chose</i>, pas du tout en contradiction avec la promotion d'une sexualité égalitaire. Les producteurs d' "Unwatchable" ne sont pas les seuls à comprendre que des tactiques plus choquantes que jamais sont requises pour s'attirer une audience. Les pornographes entrent dans un territoire de plus en plus extrême pour attirer les clients. Nous <b>sommes </b>désensibilisés. Le prix que les pornographes sont prêts à payer, c'est les dégâts faits au corps d'une femme quand elle subit des actes de plus en plus brutaux pour le frisson du payeur. Cela me frappe, si les gens qui ont fait cette vidéo étaient vraiment inquiets à propos des femmes, ils ne devraient pas prendre exemple sur les pornographes et se concentrer sur une représentation graphique de violence sexuelle encore plus extrême. Être un voyeur n'est pas suffisant. À la place, ce serait plus utile que les gens se tiennent aux côtés des personnes qui ont survécu aux viols, et qu'ils entendent nos voix.<br />
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Je ne peux pas parler pour chaque victime de viol, mais pour moi ? J'en ai assez des gens qui se tiennent là, à regarder, choqués ou non, quand les femmes se font violer et frapper. Nous avons besoin d'aide, et au-delà de ça, nous avons besoin d'une voix, nous avons besoin de compréhension, nous avons besoin de vivre dans une société où nous ne sommes pas blâmées pour avoir été violées à cause de ce que nous portions / avons dit / de notre comportement, une société où les gens arrêtent de nous voir figés dans le temps comme "la femme qui se fait violer" et où ils nous voient tout entières : notre histoire, comment nous en sommes arrivées là, nos espoirs et nos rêves. En clair, nous avons besoin de changement, ce qui ne peut vouloir dire qu'une seule chose. Action !Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-1820834384018888542011-09-25T15:28:00.000-07:002012-03-04T05:27:57.009-08:00Lui ou moi ?Je fais dois souvent faire face à la colère ces jours-ci.<b> Très souvent.</b> La colère est vicieuse. Une grande partie de moi me tient pour responsable quand les gens me traitent mal. Je sais, quelque part, à un niveau logique, que ce n'est pas vrai, que quand les gens agissent mal envers moi ou abusent de moi, c'est <i>leur </i>faute, leur responsabilité. Mais je ne le <i>ressens </i>pas. Je le sais mais je ne le ressens pas.<br />
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Le problème, c'est que ce qui se passe maintenant est rendu confus par toutes ces merdes venues du passé que cela fait resurgir en moi. Mon Syndrome de Stress Post-Traumatique est en surchauffe en ce moment. Ayant vécu avec un homme qui me cassait la gueule, et qui m'a vendue à d'autres hommes, et ayant rencontré encore plus de violence quand je me suis prostituée, je trouve que la colère - les cris, les silences lapidaires, le langage corporel agressif, et même le sarcasme - refait surgir tout ça. Je me détache rapidement, ou je m'évanouis. Je ne sais plus si la voix que j'entends appartient à la personne en face de moi, à mon ex ou à moi-même.<br />
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Je suis allée à l'IDAS (Independant Domestic Abuse Services) pendant un moment depuis que je suis sobre, et ils m'ont vraiment martelé et fait rentrer dans la tête que quoi qu'il arrive, tu ne peux pas pousser quelqu'un à te frapper. Chacun a le contrôle de ses poings. Je sais de ma propre expérience que quand je suis vraiment très en colère, je pourrais être violente si je le voulais ; je choisis simplement de ne pas l'être. Je me bats passionnément contre ceux qui disent aux victimes de violence, de viol, que c'était leur faute. Quand j'imagine n'importe qui recevant une telle violence, je peux voir que cette idée est complètement bidon.<br />
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Et pourtant quand il s'agit de moi, je n'en suis plus si sûre. Je suppose que cela tient au fait que j'ai tellement internalisé ce que mes abuseurs m'ont dit : que je l'ai mérité, que je suis la cause de tout ça, que je devrais me considérer chanceuse qu'ils aient été si généreux envers moi (quelle générosité, hein). Et avec toute la haine de soi et l'auto-destruction, c'est resté. C'est resté dans ma tête : c'est <i>moi </i>le problème. Je suis un putain de gros problème. J'<i>attire</i> les ennuis, je cause les ennuis, je prends de mauvaises décisions, nom d'un chien ce que je prends de putain de mauvaises décisions. J'envoie les mauvais signaux et je pousse les gens à me frapper. Je me fais tout ça à moi-même.<br />
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Les jugements que j'ai reçus de la part de professionnels au cours de la violence sont restés aussi. Ma faute ! Je devrais tout simplement le quitter. Je ne compte pas de toute façon, je ne suis qu'une alcoolo. Après une autres discussion avec la policière, je me souviens avoir dit "vous pensez vraiment que je veux aller au tribunal et être déchirée en lambeaux par le conseil, parce qu'avec mes problèmes de drogues, mon historique de santé mentale et avec la façon dont notre système traite les victimes de viol et de violence conjugales, je n'ai pas le moindre espoir là-dedans". Même s'il était condamné, à quel prix ? Ma honte et ma faiblesses affichées pour que tout le monde puisse les voir et les juger. Cela m'aurait détruite.<br />
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Et je me souviens que la policière a dit, <i>et s'il fait la même chose à quelqu'un d'autre ?</i> Et que j'ai pensé que ça ne servait à rien d'essayer de répondre à ça. S'il le fait à quelqu'un d'autre, ce sera sa faute, pas la mienne. Je ne suis pas une sorte de complice, responsable de lui d'une manière ou d'une autre. Merde, je ne peux même pas arrêter ce qu'il me fait à moi toute seule, alors m'interposer pour sauver quelqu'un d'autre...<br />
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Alors j'ai pensé, comme je le pense maintenant, quel système pourri. Et quels dégâts faits par cette perception erronée. Et voilà où j'en suis, quatre ans et demi de sobriété, et essayant de travailler à prendre soin de moi, à ne pas me haïr, à rassembler les lambeaux de ma personne, et j'entends une voix dans ma tête qui me dit que si cette personne m'abuse, ici et maintenant en 2011, c'est ma faute ! Une grande partie de moi me méprise toujours, me blâme toujours. Progression lente. Mes différents fragments, les effets de bords de la dissociation, du détachement à cause du trauma, me disent des choses différentes. La voix qui est là à un moment donné, la personne que je suis au moment où le déclenchement a lieu, dictent ma réponse. Ma faute - pas ma faute. C'est lui la merde - c'est moi la merde. Son problème - mon problème. Je mérite d'être aimée - je mérite d'être frappée.<br />
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Je ne dors pas, ce qui n'aide pas. Je me sens coincée dans le passé. Et confuse, tellement confuse avec l'enchevêtrement de pensées, avec les fragments. Pourtant, je reste clean et sobre, donc je suppose que c'est un progrès. Toute cette histoire d'esprit/corps met un peu plus de temps à avancer.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-65857916916023628702011-09-10T03:00:00.000-07:002012-02-08T08:07:31.978-08:00Faire ou ne pas faire confiance<br />
En ce moment je bataille vraiment avec la confiance. C'est le genre de chose qu'on ne remarque pas dans ses interactions avec les autres jusqu'à ce qu'elle disparaisse et qu'on se retrouve à avoir l'impression que toute cette histoire de communication avec les autres, d'interaction avec les autres, est un labyrinthe et un cauchemar. Sur le chemin de la guérison, par un énorme effort conscient de ma part, ma capacité à faire confiance a augmenté un petit peu. Jusqu'à ce que je commence une thérapie, ma confiance était détruite. Je ne faisais confiance à personne, homme ou femme. Je me sentais vendue, trahie, pas seulement par les hommes qui abusaient de moi mais par le système tout entier, la façon dont notre société tout entière s'est blindée pour rester aveugle à toute cette maltraitance et pour la classifier comme un divertissement. J'étais en colère contre cette vision de classe moyenne dans laquelle j'ai été élevée, qui m'avait laissée tellement complètement sans défense face à ce qui m'est arrivé, au point de n'avoir même pas le vocabulaire pour le décrire. Prostituer. C'est un mot qui ne m'est venu que deux ans après être redevenue clean et sobre. Mon ex m'a <i>prostituée</i>. Sur le moment, avec la peur et à travers la brume des drogues et de mes blessures à la tête, je n'aurais pas pu dire ce qu'il était en train de se passer. En fait, j'ai largement perdu ma capacité à parler tout court. Viol. En voilà un autre. Je crois que comme beaucoup de gens j'ai grandi en croyant que le viol était quelque chose que seuls des étrangers pouvaient commettre. L'idée qu'un partenaire puisse me violer, et ce fréquemment, ainsi qu'un cercle d'autres dont certains m'étaient familiers, était tellement hors de ma sphère de compréhension que je ne pouvais pas l'intégrer. C'est un mot que je ne peux toujours pas dire à voix haute. Je pourrais peut-être à la limite dire "m'a forcé à avoir une relation sexuelle".<br />
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Les professionnels que j'ai rencontrés au milieu de tout cela ont renforcé cette confusion, et multiplié mon sentiment de honte. Pendant les rares visites que j'ai faites à l'hôpital avec des blessures, on m'a clairement fait comprendre que c'était <i>ma</i> faute. J'étais traitée avec suspicion et une hostilité palpable - "elle retourne le voir". Les gens parlaient de moi comme si je n'étais pas là, et je n'essayais même pas de comprendre. Il était dans ma maison, et mon argent était engagé dans ma maison, et j'avais peur et j'étais perdue et je me battais contre une addiction au-delà de mon contrôle. Je ne comprenais pas pourquoi tout ça se passait, je ne savais pas quoi faire. Ayant été élevée dans l'idée de confiance envers la profession médicale, je ne savais plus où me tourner.<br />
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Quand je suis devenue sobre, j'ai réalisé que pour le rester j'allais devoir faire les choses un peu différemment. J'entendais les autres gens partager leurs sentiments, et avec l'aide de quelques bonnes personnes autour de moi j'ai commencé à donner un sens à ce que je ressentais. Au début de la guérison, j'avais l'impression que je ne pouvais pas aller plus loin que de penser "bleurk". Des années à enterrer les émotions, à me diviser, m'assommer et me détacher ont rendu difficile le fait d'accepter la moindre émotion et de faire avec. Elles menaçaient de me noyer. Identifier et nommer les émotions - colère, peur, tristesse - a pris du temps.<br />
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Mais il restait, même après que j'ai commencé à devenir plus ouverte et plus honnête sur ce que je ressentais, de larges morceaux de ma vie dont je ne pouvais tout simplement pas parler. La violence, la prostitution, le fait d'avoir été filmée lors de ces abus, restaient pour moi indicibles. C'est une des raisons qui m'a fait commencer ce blog en 2009 : comme je commençais à pouvoir mettre en narration ce qui m'était arrivé, comme de plus en plus de choses me revenaient, j'ai réalisé que tout ça devait aller <i>quelque part</i>, ou alors je deviendrais folle. Incapable de le dire à voix haute, et ne faisant pas confiance aux autres en matière de ce poids pour moi, j'ai choisi d'écrire et de mettre tout ça ici. J'avais une voix, mais sans visage je pouvais être honnête sans devoir faire avec les réactions d'autres gens envers moi, envers ça.<br />
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J'ai parfois réussi à parler un peu de tout ça. J'ai vu un thérapeute pendant un an et j'ai commencé à essayer d'en parler un peu. C'était incroyablement rude, incroyablement douloureux. Il y avait de longs silences et j'avais peur de m'évanouir ou de vomir. Et j'avais peur de sa réaction. Comme c'était ma première année de guérison, je me battais encore pour trouver le vocabulaire qui convenait. Les tentatives de m'ouvrir un peu aux autres gens ont été beaucoup moins réussies. J'ai découvert que même avec des gens décents, des gens que je compte dans mes amis, leur vision du monde n'a tout simplement aucune place pour ce qui m'est arrivé. Dans une société saturée par la pornographie, qui prend à la légère la violence contre les femmes, et qui quand une femme est violée ou battue, tend à dire "oui mais bon, elle est retournée le voir / elle lui a envoyé les mauvais signaux / elle l'a trompé / elle avait bu / elle l'a allumé", il est difficile de savoir où aller quand tu luttes avec les effets secondaires de la maltraitance. Les femmes sont, dans mon expérience, tout aussi dures dans leur jugement, et tout aussi capables d'être du côté de l'agresseur.<br />
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Cette année, j'ai perdu mon dernier parent. Cela a fait une <i>grosse</i> différence dans ma capacité à faire confiance. J'ai vraiment fait un pas en arrière. Parce que nous ne sommes pas très bon en matière de mort dans ce pays, j'ai eu des réactions négatives à ma perte, certains de mes amis se sont mis à m'éviter (c'est leur problème, je sais, mais c'est quand même douloureux), certains ont fait des commentaires du genre "et bien tu n'as qu'à faire avec, c'est la vie" (je <i>sais </i>! qu'est-ce que tu crois que je suis en train de faire ?), ce qui peut se traduire par "n'en parle pas, s'il te plaît" et cela a enflammé ma méfiance totale. Je ne fais confiance à personne. Mon allié le plus proche à cet instant est mon chien.<br />
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Ce qui me laisse dans le pétrin, puisque de toute évidence ça ne va pas fonctionner ; je dois faire confiance aux autres pour rester sobre, mais c'est vraiment difficile. J'ai peur et je suis seule et tellement perdue, je ne me fais même pas confiance pour choisir les bonnes personnes à qui parler. Je viens tout juste de recommencer une thérapie, ce qui est positif, et je dois me battre contre tous mes instincts défensifs pour réellement le laisser m'aider. Je veux être proche des gens, je veux aimer et être aimée, mais je ne suis pas sûre de savoir encore comment faire ça, ce qui me rend tellement triste que je pleurerais si je m'y autorisais. Je suppose que je vais devoir "faire comme si" et juste essayer d'être honnête, à l'encontre de tous mes instincts. En vérité, j'ai dû me débrouiller toute seule pendant beaucoup trop longtemps par le passé, à me battre, et je suis fatiguée, et je ne crois pas que je peux continuer comme ça.<br />
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Je dois faire un grand saut maintenant. J'espère juste atterrir sur la terre ferme, pas dans la merde.<br />Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1156704989219292913.post-62543673775928353422011-08-28T03:03:00.000-07:002012-01-19T05:28:37.123-08:00Le fantasme du fantasmeJe trouve ça vraiment bizarre quand les femmes qui sont utilisées dans la pornographie sont appelées des "actrices". Cela me frappe comme un nom très mal approprié. Même s'il est vrai qu'on leur donne souvent des lignes à répéter devant la caméra ("baise moi plus fort", "c'est tellement bon" en étant le matériau de base), et qu'on leur dit de sourire comme si elles aimaient ça, le rôle d'actrice s'arrête là. Ce qui est fait est en réalité fait à la femme. Ce n'est pas comme n'importe quelle autre émission où tu regardes des actrices et des acteurs prétendre souffrir. Prenez Casualty par exemple, ou Midsomer Murders. C'est noter l'évidence que de dire que quand le rôle implique de la violence envers le personnage ou qu'on lui fait du tort, que ce soit un accident de voiture dans Casualty ou une victime de meurtre dans Midsomer Murders, cette violence n'est pas <i>réellement</i> faite, n'est pas réellement perpétrée contre l'acteur ou l'actrice. Cependant, quand, dans la pornographie, vous voyez une femme se faire baiser, elle peut bien répéter ses lignes mais l'expérience est réelle, c'est quelque chose qui lui arrive <i>à elle</i>, qui lui est fait<i> à elle</i>.<i> </i>C'est <i>réel</i>. La pénétration, les éjaculations, l'agressivité, sont son expérience. Les pratiques qui sont de toute évidence douloureuses et celles qui le sont de façon moins évidente, elles la font <i>souffrir</i>. Pas de faux sang ou de faux bleus ici, pas de fausses parties du corps fabriquées minutieusement pour subir l'impact des actions. Tout ce qui est fait est <i>fait à elle</i>, fait à elle pour faire de l'argent pour lui, fait pour votre consommation, pour votre plaisir. Son expression de souffrance est réelle.<br />
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L'argent qu'elle reçoit (après que son maquereau ou son "agent" a pris sa part) ? Et si il exprimait tout simplement le fait que les femmes doivent être payées pour accepter d'être traitées ainsi ? Ou que les hommes qui nous contrôlent doivent être payés pour notre utilisation. On ne fait pas ça parce qu'on aime ça, comme les proxénètes et les pornographes veulent vous le faire croire, on le fait parce qu'on a besoin d'argent, que ce soit pour de la drogue ou de la nourriture, et nous ne voyons aucun autre choix, ou parce qu'ils veulent l'argent, nos proxénètes veulent l'argent et on va avoir des problèmes si on refuse. Les femmes utilisées dans la pornographie ne viennent généralement pas des milieux les plus heureux. Nous sommes abîmées, et dans la pornographie nous sommes encore plus abîmées.<br />
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Les risques et les dégâts faits sont graves. Le sexe sans protection avec de nombreuses personnes ayant des relations sexuelles sans protection avec de nombreuses autre personnes est dangereux, avec ou sans dépistage. Le VIH et l'hépatite B ne sont que quelques unes d'une armée de maladies transportées par le sang et les fluides. Les relations sexuelles brutales prolongées, qu'elles soient vaginales ou anales, ou l'insertion d'objets peuvent conduire à des dommages internes et des saignements, des infections urinaires, des descentes d'organes, des fissures et autres problèmes à long terme. De nombreux actes parmi les plus "hardcore" sont des expressions non déguisées d'agressivité.<br />
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Mettez vous à sa place pour un moment si vous les voulez bien. Elle est blessée, elle est humiliée, par un homme ou plusieurs, pendant que quelqu'un filme tout ça. Alors qu'elle est en souffrance physique, on la traite de putain, de salope, de pouffiasse, et on lui dit qu'elle aime ça. On lui dit de dire qu'elle aime ça - "baise-moi plus fort" "rentre-moi dans le cul". On lui fait dire qu'elle aime être maltraitée. Ils rient d'elle, des dégâts faits à son corps - "elle va bientôt devoir porter des couches !". Imaginez être à sa place, ouverte pour la caméra, nulle part où se cacher, pour le plaisir d'un tas de mecs qu'elle n'a jamais rencontrés, qui paient les hommes qui lui font ça, qui vont eux aussi rire des dommages qui lui sont faits et orgasmer sur sa souffrance.<br />
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Pas très bon pour la tête, hein ? Ni pour le corps. L'expérience physique de la souffrance d'être utilisée dans la pornographie n'est égalée que par la souffrance mentale. Les taux de Syndrome de Stress Post-Traumatique, d'abus de drogues et d'alcool, et de suicide, dans la prostitution et la pornographie, parlent d'eux-mêmes. Problèmes de confiance, problèmes de corps, dissociation, pulsions auto-destructrices, toxicomanie... etc. Le "glamour" de "jouer" dans la pornographie continue, il ne s'en va pas en se frottant un peu dans la douche. Les cauchemars commencent, les flash-backs commencent.<br />
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Impuissante pour te sortir de cette situation, tu fais la seule chose que tu peux faire pour te débrouiller, pour survivre, pour passer à travers. Quand la souffrance est insupportable, la peur est insupportable, la dégradation est insupportable, tu te divises. Ton corps ne semble plus être le tien, tu n'es même pas à l'abri dedans, et leurs mots sont dans ta tête, ils sont dans ta tête. Aucun endroit n'est sûr alors tu vas dans aucun endroit, une sorte d'anesthésie déconnectée qui te fait passer au travers des événements parfois. Quand je ne peux pas y arriver volontairement, je me mutile ou je bois ou je me drogue. J'essaye d'oublier, j'essaie de maintenir quelques lambeaux de ce moi, tel qu'il était, malgré tout ce qui m'arrive.<br />
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Sur le chemin de la guérison, je me retrouve souvent déconnectée, parfois de façon plaisante mais la majorité du temps cela m'effraie, je me sens coincée en dehors de mon corps et il n'y a pas moyen de revenir. Chaque mouvement que ce corps fait semble être un effort immense, comme s'il fallait consciemment tirer les cordes d'un pantin une à une. Je me sens fausse car je ne sais pas qui je suis, qui Angel est, lesquels des lambeaux et des fragments et des voix qui s'opposent sont moi. Le désespoir ou l'espoir, l'optimisme et le pessimisme, le dur et le doux, le froid et le chaud. Ce que vous obtenez quand vous me rencontrez dépend largement de quelle partie de moi est dominante à ce moment là. Je progresse lentement à ma propre intégration et à cet instant j'ai l'impression d'être revenue en arrière. Fais leur confiance - ne leur fais pas confiance ! Sois honnête - ne montre rien ! Je suis importante - je n'ai aucune importance ! Je vis dans une zone de guerre et c'est épuisant et terrifiant. Je ne sais pas qui je suis, et cela me rend triste et perdue.<br />
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Mon expérience d'avoir été utilisée dans la pornographie a été celle d'un traumatisme extrême et persistant.<br />
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Alors je ne suis pas une professionnelle de la santé mentale, mais je parie que l'actrice qui était dans cet accident de voiture dans Casualty est rentrée chez elle avec une fiche de paie, rien de plus. Les "extras" avec lesquels une "actrice" porno rentre chez elles - traumatismes physiques et mentaux - la rendent différente de cela. La pornographie n'est pas un fantasme, n'est pas un jeu d'acteurs - elle arrive aux femmes et blesse les femmes. Au lieu de cela nous devrions la voir pour ce qu'elle est - mensonges et maltraitance. Les femmes dans la pornographie sont la décharge à ordures pour nos imaginations perverses, utilisées et jetées pour notre plaisir, tout en bas de la pile dans une série de relations de pouvoir inégales.<br />
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Actrices ? Mon cul.Angel Khttp://www.blogger.com/profile/13401721006534552836noreply@blogger.com14