mercredi 16 juin 2010

L'industrie du sexe, "féministe" ou artiste du mensonge ?

Récemment j'ai participé à une conférence aux côtés de plusieurs autres orateurs à propos de mon expérience de la violence domestique, de la pornographie et de la prostitution. Comme toujours, j'étais extrêmement anxieuse, mais ces jours-ci j'essaie de ne pas laisser la peur se mettre en travers de mon chemin. Le progrès, pas la perfection ! Une des autres personnes à parler est une ancienne lap-danceuse, Lucy, que j'ai rencontrée quand j'ai parlé à l'événement Foyles plus tôt dans l'année. C'était si agréable d'être aux côtés d'autres femmes qui se dédient à mettre la vérité au grand jour sur l'industrie du sexe et ce qu'elle signifie vraiment pour les hommes et les femmes.

Un des points clés de cette discussion est un point qui me tient particulièrement à coeur : la façon dont l'industrie du sexe a détourné le langage du féminisme pour justifier ses pratiques oppressives (voir Jeux de langage parmi d'autres posts sur ce sujet). Bien que j'aie déjà pas mal écrit à propos de l'utilisation du langage dans la légitimation des abus de l'industrie du sexe dans la société, je n'avais pas réellement beaucoup réfléchi aux soi-disant "féministes" qui défendent l'industrie. Donc pour rectifier...

En bref, pour moi l'idée que quelqu'un qui défend l'achat et la vente de femmes puisse prétendre être une féministe est au-delà de l'ironie : c'est un non-sens. C'est comme si quelqu'un se prétendait activiste des droits de l'homme tout en défendant la pratique de l'esclavage, n'autorisant pas les esclaves à parler librement de leur expérience de cette situation, mais parlant agressivement en leur nom dans un langage de droits pour soutenir leur maltraitance, et insistant pour que l'on change ces termes au nom de l'égalité. Après tout, le vocabulaire de l'achat et de la vente d'êtres humains est terriblement révoltant et dégoûtant, tu ne trouves pas ? Ça donnerait presque l'impression que c'est, et bien, mal.

Si quelqu'un est traité comme moins qu'un humain, aucune quantité de jeux sur les mots ne rendra cela bien. C'est se moquer du langage de l'utiliser de cette façon. La pornographie et la prostitution, c'est la consommation d'une inégalité. Le fait que cela été ré-étiqueté par l'industrie du sexe et quelques soi-disant "féministes" comme étant une source d'empowerment pour les femmes qu'elle utilise ne change pas sa nature réelle. L'industrie du sexe vend les femmes et détruit les vies de celles qu'elle utilise. Point.

Je suis d'accord avec la suggestion d'une autre femme avec qui j'ai parlé à Londres, disant que peut-être que les femmes qui voudraient s'auto-proclamer féministes mais qui sont pro-pornographie devraient à la place se faire appeler militantes positives de de l'abus sexuel. Après tout, pour quoi se battent-elles si ce n'est pour défendre l'abus sexuel d'autres femmes ? Appelons un chat un chat et appliquons un peu de sens commun ici plutôt que de croire aux mensonges.