samedi 28 août 2010

Oh, et PS...

Juste une note sur mon dernier article... le gentleman avec qui je parlais qui donnait l'opinion qu'un club de lapdance n'était qu'un "simple divertissement" utilisait comme principale justification le fait que "c'est un mec". Ok, donc c'est un mec - mais et alors ? Ca ne signifie pas qu'il doive agir comme un déchet. En fait, je trouve ça sexiste d'impliquer que c'est un homme donc il doit voir les femmes comme des objets sexuels. Cette ignorance et ce consternant manque de pensée cohérence derrière des pratiques sexistes et nuisibles ne cesseront jamais de m'abasourdir. Personnellement, j'aime croire qu'un homme n'est pas gouverné par son pénis et a en réalité la même capacité de self-control qu'une femme. Je crois qu'on appelle ça égalité.

La défense des clients

C'est la voix de chacun des hommes qui m'a frappé, chaque homme qui m'a touchée quand je ne voulais pas être touchée, chaque homme qui m'a achetée. "Les mecs sont comme ça... ce n'est qu'un club de lapdance". Je peux lire les sous-titres, pas de problème : C'est quoi ton problème ? Quelle puritaine ! C'est juste un petit divertissement inoffensif.


Un putain de divertissement inoffensif.


Je ne crois pas, non. C'est l'achat de femmes, la vente d'une inégalité, la légitimation d'un abus. Tout cela justifié au nom du "passer bon moment", le tout encadré par l'échange d'argent (bien que la majorité de cet argent n'aille pas à la femme qu'on regarde et qu'on touche).

Et pourtant c'est moi qu'on accuse d'être extrême, déraisonnable pour oser émettre une objection, suggérer qu'il puisse y avoir un autre regard à porter sur tout ça. !!!!. Inquiètes d'êtres qualifiées de prudes si elles ne se joignent pas à la cacophonie de voix qui soutient la vente des femmes, trop de femmes choisissent d'être "libérales" au sujet de l'oppression de leurs soeurs. J'ai ressenti cette pression moi-même ! Jeune et naïve, je me suis jointe au rire de mes compagnons face à la pornographie, à certaines de ses images les plus extrêmes (regarde ce qu'il lui met dans la chatte et dans le cul ! on croirait que ça fait mal mais elle adore, elle sourit !) - jusqu'à ce que je me retrouve moi-même du mauvais côté de la caméra, frappée, utilisée, vendue, déchirée - "souris !" - et que je réalise ce que tout ça signifie pour moi.

Si elle peut être traitée de cette façon, comme un ensemble de trous, un morceau de viande pour satisfaire les hommes, moi aussi je peux, et toutes les femmes le peuvent. Il serait idiot de penser que les gens qui voient le lapdance et la pornographie comme la norme ne portent pas cet état d'esprit avec eux dans leur façon d'agir avec les femmes au quotidien. Regarder régulièrement un matériau, ou aller dans des endroits, que ce soit un club de lapdance ou un bordel, où les femmes sont traitées comme moins qu'humaines, ça te change.

Loin du proxénétisme, des coups, loin de ma condition de femme prostituée, je continue de devoir me protéger des gens qui pensent comme ça tout le temps. Pour moi, ça touche des vieux nerfs, ça reflète cette attitude de "prendre et jeter" des clients. Cela me ramène dans le passé. Je pleure, je tremble, parfois je vomis.

Peut-être que si ces gens pouvaient voir les conséquences, voir la réalité de ce qu'ils font aux femmes qu'ils utilisent, ils pourraient se construire une conscience. Peut-être, peut-être pas. Je ne mets pas trop d'espoir là-dedans pour l'instant. Parfois les enfants ne veulent pas voir la vérité. La vérité se met sur le chemin du divertissement, de l'orgasme. Je suppose que tout ce que nous pouvons faire est continuer d'afficher la vérité, là dehors. Nous nous sommes débarrassés du bear baiting (NDT : ancien "sport", jusqu'au XIXe siècle, qui consistait à attacher des ours pour les faire attaquer par des chiens), n'est-ce pas ? Peut-être qu'un de ces jours les droits des femmes rattraperont leur retard.