dimanche 18 avril 2010

Vivre avec les conséquences

Ça fait un moment que je n'ai pas écrit... Récemment, j'ai dû me battre rien que pour survivre. Les sensations et souvenirs de mon passé m'ont submergée et ont menacé de m'enterrer.

J'ai l'impression d'être complètement passée à l'essoreuse.

Me battre pour avoir de l'aide, voir mon généraliste, sonner à toutes les portes pour essayer de trouver un thérapeute, et batailler, batailler tellement rien que pour sortir de la maison, pour laisser rentrer les gens, laisser les gens s'approcher assez pour me voir dans ma souffrance, telle que je suis, tremblant, pleurant, à terre.

Il est difficile de faire confiance aux gens quand on a été tellement blessée par eux, tellement abandonnée, par le passé.

C'est terrifiant de me laisser être aimée, parce que cela montre clairement que ce qui m'est arrivé était inacceptable. Si je suis importante, si Angel est importante, si elle mérite l'amour, alors je ne peux pas continuer à essayer de tenir la maltraitance à bout de bras, je ne peux plus me dire que ça n'a aucune importance parce que je n'ai aucune importance.

Cela signifie se rendre compte et ressentir à quel point j'ai été, je suis, blessée, par les coups, par la violence, par les viols et viols collectifs, par le fait d'être vendue et photographiée et filmée comme un divertissement, traitée comme moins qu'un humain, pour le plaisir d'autres.

Ça fait mal.

Tellement d'images ! Tellement de flashbacks ! Horrifiants, en images tout en couleurs, dans ma tête, dans mon sommeil et à mon réveil, mon corps douloureux et tremblant et pris de hauts-le-coeur et revivant tout, alors qu'il essaie de faire avec, de se soigner.

Si les défenseurs de l'industrie du sexe, les défenseurs de la pornographie et de la prostitution, pouvaient seulement voir à l'intérieur de ma tête, et voir la souffrance et les dégâts qu'elle m'a fait, et continue de me faire chaque jour, trois ans plus tard...

J'ai même peur de regarder la télé parce qu'il y a des chances qu'il y ait des références humoristiques ou désinvoltes à la violence envers les femmes où à l'objectivation des femmes.

J'ai tellement peur. Je fais la seule chose que je puisse faire, m'accrocher, là maintenant.

dimanche 4 avril 2010

Zone de guerre

Et je me retrouve dans cet endroit à nouveau. En guerre avec moi-même, en guerre avec mon corps, corps et esprit à l'apogée de leur conflit. Même mon esprit est en conflit, une série de disputes, des voix fragmentées qui rivalisent pour obtenir de l'attention, vociférant pour que je les écoute, pour que j'agisse sur elles. Logique contre sentiments, addiction contre valeurs, autocritique contre mon côté plus indulgent, compatissant.

Il est difficile de voir quoi que ce soit au-delà de moi, au-delà de ça, des images et scénarios qui rejouent devant mes yeux, difficile d'entendre les voix de mes amis quand les voix qui se battent dans ma tête les noient. Le monde fait du bruit autour de moi mais je suis perdue et désorientée, habitant le passé, et terrifiée par le futur.

La seule constante, c'est la peur.

Je tremble et mon coeur bat à toute vitesse et mes pensées vont à toute vitesse, se pourchassant les unes les autres en cercles, encore et encore, prenant de l'élan, devenant encore plus confuses. Les mots commencent à courir en même temps, je perds mes mots, je me sens comme je me sentais alors, et c'est terrifiant et c'est tout et c'est rien et c'est sombre et c'est emmêlé et c'est tordu.

Un noeud dans mon estomac.

Un resserrement dans ma gorge.

Un manque d'air étouffant.

Je ne peux pas penser. Pas parler. Pas bouger.

Terrifiant. Désespérance, noirceur, désespoir, souffrance, perte, impuissance.

Je ne peux pas me connecter. Seule toute seule, encore plus seule en compagnie.

Même quand c'est immobile, quand ça se calme, c'est toujours présent, rôdant au fond, une présence sinistre, menaçant de balayer une prise fragile sur la réalité.

Alors, existant à travers la souffrance, à travers la violence, prise dans le cycle, j'ai nommé cet endroit La Fosse. Je me disais, une fois que tu es là-dedans, tu n'en ressors pas, ma petite, jamais.

Puis j'avais revu mon opinion.

Mais maintenant... Je m'y reconnecte comme si je n'en étais jamais partie.